Chantier DRAC/SRA N°6168 Arrêté n°2008 / 68
Historique : Dans le centre de Montluçon, entre le Pont St Pierre et le Pont St Jacques, le chantier de 2006 (chantier n°1) avait permis de mettre en évidence une voie empierrée dans le lit du Cher qui pouvait se rapprocher, avec de fortes présomptions de la voie antique Limoges-Autun. Des tronçons de cette voie sont connus et décrits de part et d’autre de Montluçon dans ses parties Ouest et Est, mais la traversée de Montluçon était jusqu’à cette découverte, du domaine de l’hypothèse. Ces suppositions ont été confortées en 2006 avec la mise en évidence de cette alignement pierré dans le lit de la rivière; considérant qu’à l’époque romaine, le lit du Cher ne se trouvait pas tel que nous le connaissons aujourd’hui mais plus vers l’intérieur de la ville, vers les quartiers anciens, corroboré par le « Vieux Pont » détruit en 1986. Par conséquent, ce tracé de voie était naturellement aérien et courrait le long du lit de la rivière. Cette reprise d’activité en 2008 précisément sur le site de la voie empierrée nous a permis de peaufiner les observations déjà faites et laissées en attente pour diverses raisons.
Ce premier week-end de reprise des 28 et 29 juin 2008, a été riche en activités, en vérifications, en découvertes et en coups de soleil !!
Etape n°1 : Plusieurs vérifications s’imposaient sur la zone entre les deux ponts du centre ville. Il était question de finir de relever de la pile n°5 du Pont ST PIERRE mais cette opération sera remise à une autre sortie. Il s’agissait aussi de localiser deux amas de blocs repérés lors de plongées en 2006. Plusieurs hypothèses étaient en attentes : s’agissait-il de blocs en rapport avec la voie empierrée, de blocs provenant de la restructuration du pont St Pierre dans les siècles passés ou d’autre chose. Le temps parfaitement ensoleillé et le nombre de plongeurs ayant répondu présents permettaient d’envisager également quelques vérifications sur le site du Moulin de la Roche (disparu avant le XIXè) et qui se situait entre le pont de chemin de fer et le pont des isles côté rive gauche. Et enfin il fallait voir de plus prés cette pierre significative repérée par Olivier en début d’année depuis le bord et qui ferait fortement penser à un dessus de sarcophage, bref du pain sur la planche !
Les conditions de plongée : Température extérieure avoisinant les 30°C en plein soleil, pas ou peu de vent, une température d’eau comprise en 17° et 19°. Le samedi le débit du Cher était de 6m3 /s idéal pour travaillé et le dimanche le débit était tombé à 1 m3 /s, pas vraiment génial car les suspensions limoneuses soulevées par les plongeurs restaient en place par manque de courant. La visibilité était également fidèle à elle-même c’est dire que les 40 cm du fond offraient une visibilité horizontale de 60 à 80 cm et c’est tout ce qu’on voyait. Il faisait bon être dans l’eau mais nettement moins bon à être sur le bateau en surface pour la sécurité, les coups de soleil ont été généreux !!
Les perspectives: Les investigations consistaient à retrouver les deux amas de pierres vus en 2006 et d’en déduire leur provenance.
Cette fois, direction la position du Moulin de la Roche, des vestiges du moulin serait le terme plus approprié. Le premier cadastre de 1800 fait allusion à une Masure de l’ancien Moulin de la Roche, ce qui veut dire qu’il y a 2 siècles, il ne subsistait déjà plus que l’habitat du Meunier, le moulin avait disparu. Il n’existe quasiment pas d’écrit sur cet ouvrage mise à part cette allusion cadastrale. Il se situait sur la rive gauche, entre le Pont de chemins fer actuel et le Pont des Isles. Les plongeurs se devaient quand même d’aller voir si des vestiges intéressants pouvaient encore être visibles. Dimanche après-midi cela fut chose faite par une palanquée.
La zone du sarcophage, elle se situe rive droite. Il fallait un œil averti pour voir cette pierre et l’identifier. La présence de ce couvercle de sarcophage n’est pas fortuite près de la rue du Champs du Paradis (situant souvent un cimetière en toponymie) et à proximité d’une ancienne nécropole connue dans cette zone.
Dimanche 14 septembre et Lundi 15 septembre
Lors de précédentes plongées, il avait été découvert la voie empierrée entre le Pont St Jacques et le Pont St Pierre. Elle présente un tracé un peu en arc de cercle allant de la Pile n°1 du Pont St Jacques à la Pile n°2 du Pont St Pierre, mais un peu après sa cassure dû à la construction du pont de bois provisoire de la fin du XVIIIème, sur quelques mètres, elle conserve sa largeur mais, en remontant le courant, sa direction s’incurve nettement vers le Quai Favière avant de disparaître dans une zone connue pour avoir été draguée. L’opération de ce week-end consistait à matérialiser et relever ce tronçon découvert lors de la 1ère Etape ci-dessus.
Etape n°3 : Dimanche 14 septembre , plongée le matin et l’après-midi, retrouver le tronçon grâce aux amers relevés en juin, baliser ce morceau de voie à l’aide de bidons pour avoir un idée de l’axe de cette construction. Opération qui n’a présenté aucune difficulté particulière et terminée à la fin de la plongée du matin. L’après-midi, peaufinage de ce balisage et exploration de la zone située dans cet axe pour tenter de retrouver d’autres tronçons ou bribes de voie, en vain. Prospection en aval direct du Pont St Pierre où il avait été remarqué quelques amas épars à mettre peut-être en relation avec nos recherches. Plusieurs amas ont été retrouvés. Certains sont vite écartés car il s’agit vraisemblablement de débris provenant des divers réparations du Pont au cours des siècles. D’autres pierres sont trouvées en assez grand nombre par endroit mais impossible de les relier en l’état avec ce qui est recherché, leurs positions sont trop aléatoires.
Lundi 15 septembre, le travail de la veille est relevé avec l’aide des Services Techniques de la ville de Montluçon. Chaque balise est relevée au théodolite et sera ensuite positionnée sur les relevés casdastraux et surtout comparée aux relevés de la voie réalisés en 2006. Le technicien qui avait marqué son emplacement de lecture en 2006, l’a facilement retrouvé donc les relevés 2008 sont réalisés exactement à l’emplacement de 2006. Ainsi en un peu moins d’une heure le travail a été réalisé.
Les conditions de plongée : Dimanche matin temps très couvert limite pluie, température de l’eau 16°, rapidement dans la matinée des éclaircies apparaissent et en fin d’après-midi l’eau sera à 17°-18°. Petit handicap pour les plongeurs, le jet d’eau au milieu du Cher n’a pas été coupé, résultat il nous brasse beaucoup les suspensions limoneuses, visibilité très réduite, et les trois turbines sont bruyantes sous l’eau. Durant ces deux jours le débit du Cher est resté à 10 M3 /s. Lundi la mise à l’eau a eu lieu sous un soleil magnifique mais la température externe était à peine de 8°, il faisait presque meilleur dans l’eau !
Les perspectives: Il semble que les investigations dans ce tronçon du Cher touchent à leur fin. Déjà ces deux dernières journées sont les dernières de la saison à cet endroit. Comparativement à l’an dernier, nous avons les conditions de plongée que nous avions eu à la mi-octobre, un mois d’écart c’est dire si la saison est plus dégradée qu’en 2007. Si la météo le permet, il restera deux journées de plongée à VICHY dans la rivière Allier le dernier week-end de septembre.
Les opérations dans cette zone sont terminées pour cette saison et même jusqu’à nouvel ordre. Il reste maintenant aux archéologues à attendre la mise sur papier des mesures relevées pour comparer avec le relevé de 2006 et ainsi avoir une idée sur cette bifurcation de la voie.
Le travail de cartographie une fois terminé, on peut voir la voie empierrée passer sous le pont St Pierre elle se poursuit vers l’aval en direction du Pont St Jacques mais aussi elle bifurque et se dirige en direction et surtout dans l’axe du pont vieux en centre ville et dont les vestiges ont été détruits à la fin des années 1980. Le tracé en pointillé indique l’ancien lit du Cher à cette époque.
(Synthèse Sept. 2008)