PROSPECTION DU LIT DU CHER
Communes de Saint-Amand-Montrond, Orval, Nozières,
Bruère-Allichamps, Farges-Allichamps (Cher)
Opération archéologique n° 0613107. Autorisation DRAC/SRA Centre-Val de Loire du 13 juin 2022
Ces chablis restent très intéressants pour les archéologues pour comprendre les divagations du lit du Cher. Ces éléments d’observations sont partagés avec un géomorphologue du CNRS qui s’intéresse à cette zone. Un prélèvement pour C14 a été réalisé par les prospecteurs. Il indique que ces arbres se sont couchés en berge entre -1613 et -1450 avant JC, c’est-à-dire à l’Age du Bronze. Ces informations sur la ripisylve ainsi partagées de façon pluri-disciplinaires permettent d’appréhender et d’envisager aussi les installations anthropiques en bords de rivières à diverses périodes.
Ce serait une intensification des crues entre 1975 et 1985 qui auraient provoqué cette érosion, avec peut-être aussi comme fondement, l’extraction de granulats dans le lit du Cher en amont et en aval dans cette même période accentuant l’effet érosif.
Commune de Nozières – Domaine de l’Ombrée sur la rive gauche
L’abbaye cistercienne de Noirlac (Bruère-Allichamps) fut bâtie au début du XIIème siècle, elle acquit rapidement des « granges » ou métairies autour d’elle pour subvenir aux besoins alimentaires des religieux et de ses personnels convers et autres.
Des textes font mention de la présence à l’Ombrée d’un bac et d’un potentiel port fluvial pour amener ou exporter des marchandises. (Arch. Dép. du Cher série 08H).
Commune d’Orval, Nozières, Farges-Allichamps, en rive droite ou gauche.
Le travail documentaire du secteur de prospection 2022 induit l’étude de photos aériennes réalisées par le Cercle d’Archéologie du Montluçon support de notre Commission d’archéologie subaquatique. Des anomalies quadrangulaires apparaissent dans des pâtures proches des rives, mentionnées cette année dans le rapport d’opérations, ces anomalies feront l’objet de prospections visuelles terrestres pour déterminer la nature de ces anomalies qui devraient correspondre à d’anciens bâtis à identifier et à dater. On notera entre autres vestiges la présence de plusieurs tessons de tuiles à rebord ayant un étalement périodique fluctuant du 1er au IVème siècle et même du Haut Moyen-Age. Bien que présentes en rive droite et gauche (Nozières et Bruère), ces terres cuites architecturales (TCA) indiquent une présence antérieure à l’abbaye justifiant une occupation antique certaine sur ce secteur sans qu’il y ait eu forcément de découverte « terrestre » pour l’instant. La prospection archéo-subaquatique valide des sites déjà connus mais elle apporte aussi de nouveaux indices relatifs à ces périodes peu ou pas documentées archéologiquement.
Au fil de l’eau (sous un beau soleil estival et une eau chaude et claire très agréable !)
On notera que l’observation de ces aménagements en rives, par un oeil exercé, ne peuvent se faire que depuis le lit de la rivière, la végétation et leurs accès depuis la berge sont quasiment impossibles.
Après l’abbaye de Noirlac, on se rapproche de Nozières et de son passé gallo-romain.
Une villa gallo-romaine est connue sur la commune de Nozières près du Gué de la Férolle ( = Fer ) qui reçut ce toponyme en regard de l’activité métallurgique que les Gallo-Romains développèrent. Nous savons que cette villa vit le jour entre le Ier et le IIème siècle. Une partie de ses fondations sont assises sur des scories. Un méandre du Cher est en train d’éroder la berge et le bâtiment (substructions) bascule dans le Cher par petits morceaux.
La rive gauche et ses secrets immergés vont venir récompenser les prospecteurs par une découverte inespérée à classer sur la période de l’Antiquité.
On passe Nozières et on arrive entre Bruère-Allichamps et Farges-Allichamps dans un endroit où le relief rétrécit la largeur du Cher près du Bois de la Baume et le lieu va inspirer les prospecteurs.
Et enfin 15 meules à bras tapissent le lit du Cher signalant un incident ou accident de navigation sur ce tronçon difficile à franchir. Ces meules ( catillus et meta) se répartissent sur un peu plus de 15 m de longueur sur un amalgame formé de sable et de gravier.
Les meules sont numérotées et positionnées les unes par rapport aux autres. Elles sont toutes sur un axe Sud-Nord, il s’agit de 8 meta et 7 catillus d’un diamètre moyen de 43,1 cm.
Heureusement cette année, une nouvelle recrue pour le groupe de prospecteurs est venue en voisin et surtout avec son embarcation qui nous a bien servi. Merci !
Il faut passer les meules de la rive gauche inaccessible (voie ferrée, talus de berge…) à la rive droite. Les charger sur le bateau par paquets (plusieurs voyages), elles pèsent en effet entre 29 et 49 kg avec le gros lot pour la meule M15 un peu hors norme à 90 kg. Il faut tirer le bateau à contre-courant sur environ 150m à quatre reprises, avant d’atteindre une berge partiellement accessible.
La découverte ne s’arrête pas là, il faut ensuite identifier le type de roche pour localiser la meulière antique ayant permis l’extraction de ces meules. Un expert géologue confirmera la provenance toute proche de la meulière. L’ensemble du corpus de ces meules peut se positionner entre le 1er et 2ème siècle ap. JC. Cette découverte et les recherches géologiques qu’elle entraîne, vont se révéler très intéressantes pour le PCR Meules.