Cher 2016 Gorges du Cher

Chantier DRAC/SRA Auvergne du 14 juin 2016
Opération archéologique n°03/8035
de Ste Thérence à Désertines

Historique : Plusieurs communes des Gorges du Haut Cher,  Teillet-Argenty, Sainte-Thérence, Lignerolles, Saint-Genest, Villebret ont déjà fait l’objet de visites de la part de l’équipe de plongeurs de notre Commission départementale. Les opérations sur ce tronçon du Cher ont commencé en 2014 et se sont poursuivies en 2015 et 2016. Des prospections ont été faites depuis la partie la plus amont, en limite des départements de la Creuse et de l’Allier, à partir de l’aval des barrages EDF construits dans les gorges. L’équipe avance par tronçon chaque année et chacune des zones de terrain ou plus exactement chaque zone du lit de Cher retient toute l’attention des plongeurs, tant dans la partie sous l’eau que dans la partie aérienne terrestre relative aux deux rives. Les vestiges archéologiques en rapport avec l’activité humaine passée se trouvent dans l’eau et en rive.C’est ce que nous recherchons à mettre en évidence.

La prospection s’effectue en tenue de plongée pour pouvoir s’adapter soit aux zones en eau profonde, soit aux zones peu profondes.

Zone depuis le Ruisseau du Mont jusqu’au Pâturail de la rivière,
 entre Vieux-Bourg amont et Vieux-Bourg aval.

Deux moulins proches l’un de l’autre porte le nom de Moulin Ginjon et Moulin Jinjon. C’est nom ou appellation peuvent varier selon les sources documentaires en fonction des noms des propriétaires ou des meuniers à baux.
(image Géoportail)
La  carte d’Etat Major du XIXème mentionne ces deux moulins. (image Géoportail)
Antérieurement, le cadastre ancien mentionne les moulins avec des différences parfois d’orthographe patronymique, parfois, comme indiqué précédemment, en fonction soit du propriétaire soit du meunier bailleur exploitant.
Le moulin Ginjon amont: on trouve les vestiges du barrage et du bief dans l’eau mais il faut aussi s’écarter un peu sur la rive pour mettre en relation d’autres structures ruinées en rapport avec l’ouvrage meunier. Ici il est mis en évidence une partie du bâti de la salle de meunerie, la maison d’habitation du meunier et de sa famille et un vieux chemin d’accès. (image Géoportail)
Un morceau du barrage d’une large d’environ 6 m et qui est plus petits que les ouvrages précédemment rencontrés en amont de la rivière.

Vieux-Bourg amont toujours mais cette fois Moulin aval .

Le moulin aval sur le cadastre ancien.
En vue satellite avec le report du cadastre moderne. (image Géoportail)
Malgré la destruction de l’ouvrage, il est encore possible d’en deviner la présence. C’est aussi l’intérêt de nos prospections et chantiers. Ils permettent de garder des traces photographiques plans et croquis avec des explications sur des ouvrages ruinés et zones artisanales anciennes qui auront totalement disparu dans quelques générations.
Un avant bec sert à protéger le bâtiment des assauts de la rivière en période de crue. Si les occupants peuvent quitter le bâtiment, ils espèrent bien le retrouver en place à la décrue. Rappelons que dans cette partie du Haut-Cher, la rivière est classée torrentielle.

Zone du Vieux-Bourg, de la Passerelle du Cher au Pâturail de la Rivière.

Le moulin amont ou Moulin Mercier avec un bief très intéressant par sa longueur et son aménagement en général. (image Géoportail)
Sur le cadastre ancien, si l’on peut retrouver une partie des installations de moulins (bâtiments, bief…) la prospection archéo-subaquatique vient utilement compléter les informations avec les zones se trouvant dans la rivière et non mentionnées sur les plans.

La zone des barrages est redevenue presque sauvage et la plus part des randonneurs qui passent encore par là ignorent la vie passée sur ce coin de rivière et toutes les activités qui s’y trouvaient il y a encore 4-5 générations.

Le moulin Mercier toujours. Il faut savoir poser les palmes et crapahuter un peu dans les bois pour retrouver les vestiges de la maison du meunier. Plus de moulin debout donc plus de maison debout non plus, la Première Guerre Mondiale a pris une grosse part dans la disparition de ces ouvrages difficiles à faire fonctionner. Les hommes partis au front, les moulins les plus compliqués à vivre ont été abandonnés sans être repris à la fin de la guerre. (Image Géoportail)

Les installations réalisées pour le fonctionnement de ces moulins ne peuvent qu’attirer l’admiration lorsque que l’on connaît les difficultés d’accès à ces moulins. Il fallait aussi prévoir les barrages et murs anti-crue pour protéger l’ensemble, tout cela avec des tombereaux, à dos de mulet et même à dos d’homme. Cela doit forcer le respect au même titre que les bâtisseurs de châteaux ou d’églises.
Est-il besoin de le rappeler nous prospectons sur des zones ayant accueilli des moulins. Parfois la chance se trouvent au milieu des orties et autres ronces. Une belle meule de ribe vient récompenser les plongeurs. Celle-ci est estimée à environ 2700 kg et peu de pilleurs viendront la chercher au fond du vallon pour la mettre dans leur jardin !!
Nous avions déjà rencontré et expliqué ce type d’installation lors de prospections précédentes en amont. Le plus souvent un moulin à ribe se trouve à proximité d’un moulin à grain et  le meunier fait fonctionner les deux selon les besoins, la saison etc…
La ribe est dissociée du moulin à grain car le broyage du chanvre, lui même déjà roui dans l’eau, dégage une odeur désagréable qu’il ne faut pas mélanger à la farine .
Notre étude vient également compléter les information du Projet Collectif de Recherches sur les meules.
Ce PCR recueille et rassemble tous les type de meules connues pour les intégrer à une base internationale pour les chercheurs et archéologues leur permettant de faire des rapprochements et datation sur divers modèles de meules et donc types de moulins. La meule du Moulin Mercier en est un bel exemple.
Le moulin aval antérieur, il n’apparaît pas directement sur les cartes ou plans.  Toutefois  ces  installations  et certaines de ses  structures  sont  là  (barrage notamment). (image Géoportail)
 
Chaussée ou barrage du moulin, seul un œil exercé est en mesure d’interpréter cet alignement de pierres d’origine anthropique.
L’assemblage a été monté sans engin mécanique à l’époque, et même si les blocs sont trouvés dans les environs, il faut les imbriquer et les monter solidement.

ZONES DE LA VIALLE ET GOUTTIERE

Zone 1 de l’aval du Pâturail au Rocher de la Buse

Le Moulin Baptiste, s’il n’était pas très grand en taille lui -même, ses aménagements sont bien encore présents impressionnants.
Le bâtiment du moulin est très largement détruit, par contre son barrage inspire encore de l’admiration de par sa taille et sa solidité malgré plus aucun entretien.

La Vialle – Moulin aval – Communes de St Genest – Lignerolles.

Encore un moulin dont les traces se perdent avec le temps. Son barrage fait 38 m de long. Le moulin a disparu mais en rive gauche, on relève encore la présence d’un mur qui disparait sous la végétation. Même depuis le sentier de randonnée, il n’est pas possible de repérer ce dispositif. C’est l’avantage de prospecter dans l’eau et d’observer les aménagements.

ZONE DE GOUTTIERE
Du Rocher de la Buse à la Goutelle.

Cet extrait de carte met bien en évidence les courbes de niveaux et donc la nature encaissée de ce tronçon du Cher. (image Géoportail)
Le Moulin du Grand Cougour ou Moulin Cantat sur la cadastre de Lignerolles 1814).
Le Moulin Cantat
Ce moulin est situé sous le village du Grand Cougour. Il est appelé Moulin du Grand Cougour sur les registres paroissiaux (G.Petauton), et Cantat, du nom d’un ancien propriétaire sur la cadastre ancien de Lignerolles.

LE MOULIN DE LA GOUTELLE

Les meules fragmentées ne posent pas de réel problème pour les étudier et les repositionner dans un corpus.
Même fragmentée, une meule grâce à un dessin normalisé va pouvoir être inscrite dans la base du PCR Meules et être aussi répertoriée au même titre qu’une meule complète. Le dessin lui rend la forme de la partie manquante