Chantier DRAC/SRA n° 6582 Arrêté 2010/170.
» Prospection thématique annuelle portant sur des recherches de vestiges archéologiques dans le lit du Cher «
Historique : Entre 2006, période de création de notre commission départementale et 2009, plusieurs chantiers ont vu le jour dans le Cher dans sa traversée de Montluçon. Jusqu’à maintenant, les prospections avaient conduit les plongeurs sur un tronçon de la rivière compris entre le Pont St Jacques pour la partie aval et le Pont du Châtelet pour la partie amont. Les investigations précédemment menées avaient permis d’échaffauder que la voie empierrée, objet principal d’intérêt, s’écartait de l’actuel lit du Cher pour reprendre un cheminement « aérien » situé sous l’actuel Avenue Jules Guesde et partir en direction de l’Ouest (Guéret-Limoges), corroborant les fouilles aériennes entreprises il y a quelques années. Elle quittait ainsi la rivière sensiblement en aval du Pont du Châtelet côté rive gauche. C’est dans cette zone que les recherches de l’an dernier s’étaient arrêtées. Après une escapade très riche en découvertes sur St Victor dans l’été 2009, les plongeurs en eau trouble avaient décidé de revenir sur Montluçon pour finir la prospection dans la zone amont du Pont du Châtelet.
Etape n°1 : La zone à étudier ne présente pas de mise à l’eau facile, la seule possible se situe, rive gauche, sous la passerelle métallique à mi-chemin entre le Pont du Châtelet et le Pont de Chemin de Fer . Ca tombe bien c’est précisément le centre de la zone à fouiller. Il est convenu de réaliser l’opération en deux tronçons distincts avec une pause entre les deux.
Les conditions de plongée: Samedi 03 juillet à 14h00, temps idéal, voire caniculaire, au moins 30° à l’extérieur sous un soleil de plomb qui rend la mise à l’eau très agréable. Température de l’eau 19° durant toute l’opération et le soleil aidant, une visibilité que l’on pourrait qualifier de remarquable en comparaison à d’autres plongées. Les palanquées ont évolué dans des pronfondeurs variant de 0,50m à 3m en amont du Pont de Chemins de Fer. Le débit du Cher était d’environ 5 m3/s ce qui était tout à fait gérable pour palmer et il évacuait assez rapidement les particules soulevées par les plongeurs.
Dimanche 04 juillet 2010
Forts des conditions météo du samedi, il est décidé de remonter plus en amont encore lendemain dimanche. C’était sans compter sur l’orage dans la soirée du samedi. Le dimanche au bord de l’eau les plongeurs découvrent une eau boueuse et très chargée. Il est décidé quand même de se mettre à l’eau. Le temps de s’équiper et manifestement il est constaté que le Cher a pris un certain courant. Après un essai, il est décidé de renoncer en raison de la visibilité quasiment nulle au fond et du courant qui aurait rendu cette prospection hasardeuse.
Les conditions de plongée: Ciel couvert se dégageant dans l’après-midi température extérieure voisine de 24° et température de l’eau tombée à 17°. Le courant est passé en 30 minutes de 6m3/s à 13m3/s.
Samedi 10 juillet 2010
Nouvelle prospection dans la zone en amont du Pont du Châtelet . La semaine précédante il avait été remarqué la présence de poutres ensablées et il était intéressant d’y revenir pour en connaître éventuellement l’origine.
Les conditions de plongée : Ciel dégagé ensoleillé, température de l’eau environ 19°C.
Il est évident que ces bois vont mériter une étude particulière aux archives. L’archéologie sous-marine c’est aussi un travail de recherches dans la documentation.
SAMEDI 24 JUILLET 2010
Cette fois changement de zone le groupe revient sur ST VICTOR pour prospecter le tronçon en amont du Pont de ST VICTOR en remontant vers la station de pompage d’eau potable et le barrage, zone qui a fait l’objet d’un repèrage à pied sur la rive quelques semaines auparavant.
D’entrée, les difficultés s’annoncent, courant fort, tourbillons, trous profonds et hauts fonds se succèdent, mais la zone doit faire l’objet d’un examen visuel.
Les conditions de plongée : Temps ensoleillé, température extérieure entre 24° et 26° selon la couverture nuageuse, température de l’eau avoisinant le 19°, débit du Cher annoncé à 10-12 M3/s jusqu’à 12h00 sur MONTLUCON retombe ensuite à 5 M3/s pour rester ainsi durant tout le week-end. Cette baisse de débit sait fait sentir doucement sur ST VICTOR avec un léger décalage par rapport à MONTLUCON.
DIMANCHE 25 JUILLET 2010
Nouvelle zone à prospecter, la digue de Sauljat qui alimente le Moulin d’Enchaume d’où parfois le nom de Digue d’Enchaume. Ce moulin est connu et cité depuis le Xème siècle (il fonctionne toujours) c’est dire si la zone est animée et vivante depuis longtemps, NICOLAY en parle dans son « Descriptif du Bourbonnais ». La commune de SAULJAT n’existe plus, elle fut divisée en trois parties après la Révolution (1792). Sa partie rive gauche du Cher devint un écart rattaché à VAUX et notamment l’actuel hameau « des Trillers ». Sa partie rive droite fut coupée en deux par le biais du ruisseau de « Thizon ». La zone sud du Thizon sur la commune de ST VICTOR, la zone nord rattachée à ESTIVAREILLES. L’ancien bourg de SAULJAT n’existe plus, il ne reste plus que les soubassements de l’église à environ 200m à vol d’oiseau de la digue qui nous intéresse.
L’approche de la digue pour une mise à l’eau se fera par le bord du canal depuis « Les Trillers ». Cette digue de dérivation est très ancienne elle permettait de canaliser l’eau vers le Moulin d’Enchaume, elle s’est rompue en 1983 suite à une crue importante et n’a pas été réparée.
Les conditions de plongée : Temps ensoleillé, 26° à l’extérieur, entre 20 et 21° dans l’eau dans des zones peu profondes. Peu de courant sauf dans la zone immédiate d’aspiration de la digue brisée.Débit du Cher environ 5 M3/s
SAMEDI 31 JUILLET 2010
Retour au niveau de la digue avec une petite équipe restreinte. La mission a consisté à dessiner les deux blocs découverts la semaine précédente et à prélever deux morceaux de pieux de la digue en vue de leur datation au Carbone 14. Une petite prospection d’Olivier dans la zone plus en avale de la digue dans la partie formant des petits îlets a permis la découverte de plusieurs autres pieux. Distincts de la digue, ces pieux vont mériter une autre visite pour tenter de savoir à quel dispositif ou aménagement ils appartiennent et quelles étaient leurs fonctions.
MARDI 17 AOUT 2010
Nouvelle prospection et exploration de la zone allant de la Digue de Sauljat jusqu’au niveau du Moulin d’Enchaume sur la commune de VAUX. C’est dans cette partie avale de la digue que se trouvent plusieurs îles fluviales plusieurs fois remaniées par la rivière et peut-être par l’Homme notamment pour l’alimentation du Moulin d’Enchaume. Le cadastre ancien indique quelques ouvrages permettant de relier les îles entre elles ou de renforcer certains points faibles de berge pour ne pas que les crues viennent endommager l’ouvrage hydraulique.
Les conditions de plongée: Temps ensoleillé, température extérieure environ 30°C, température de l’eau 19°C le matin pour aller jusqu’à 21°C dans l’après-midi dans des zones peu profondes. La profondeur a varié de quelques centimètres à 3 mètres assez brutalement dans la zone d’une île fluviale où des pieux intéressant seront découverts. La majeur partie de la zone prospectée était peu profonde ce qui induisait un petit courant permanent et une bonne visibilité, il a fallu tantôt marcher dans le lit de la rivière, tantôt nager. Les zones plus profondes ont été prospectées en équipement complet avec bouteilles.
Ce tronçon de rivière entre la Digue de Sauljat jusqu’à la hauteur du Moulin d’Enchaume s’est révélé intéressant en découvertes. La prochaine prospection aura lieu plus en aval vers le bourg de VAUX.
MARDI 24 AOUT 2010
Les découvertes de l’an dernier sur un Gué à ST VICTOR (Chantier n° 6) ont révélé la présence d’un moulin ruiné assez ancien. La Commission Archéologique avait pu retrouver une partie de ce qui pourrait être une roue de moulin hydraulique entourée d’autres aménagements ou artéfacts en bois notamment un ensemble monoxyle difficile à identifier, pouvant être soit une embarcation type pirogue, soit un aménagement ou équipement du moulin (coursier). Le SRA d’Auvergne a souhaité que des prélèvements soient réalisés sur ces dispositifs afin de faire procéder à une analyse au Carbone 14 sur des échantillons et permettre ainsi une datation. L’échantillonnage a donc été réalisé sur ce site et dans la foulée, la même opération a été menée au niveau des quatre pieux découverts et décrits ci-dessus.
DIMANCHE 05 SEPTEMBRE 2010
Poursuite de la prospection du lit du Cher entre le Moulin d’Enchaume et l’aval du Pont de VAUX. La zone ne semble pas présenter initialement des sites privilégiés mais comme chaque tronçon déjà étudié, il faut observer pour en être sûr. Cette vérification se révélera une nouvelle fois positive et l’équipe va découvrir des choses intéressantes.
Quelques centaines de mètres après le Moulin d’Enchaume, au milieu de la rivière dans une zone avec 2m de fond, il est découvert des gros blocs de béton armé renversés. Cette découverte si elle ne présente pas un intérêt archéologique certain, confirme les constatations faites sur le cadastre ancien. Les plongeurs valident ainsi la présence mentionnée sur le plan de la Passerelle du Moulin d’Enchaume qui franchissait le Cher au XIXème. Sur les rives, plus aucun indice n’est présent, seuls les vestiges immergés sont encore là.
Plus loin encore, il est découvert un pieu ferré posé sur un fond de gravier. Manifestement il n’est pas en place et a dérivé au fil du temps et des crues. Bien que son sabot ferré soit légèrement différent de la fabrication des deux pieux mentionnés précédemment lors des plongées d’il y a quelques semaines, ce pieu pourrait avoir la même origine que les précédents.
L’équipe finit par arriver à son point prévu le plus aval, c’est à dire le pont de Vaux. Perfectionniste pour ne rien laisser de côté, l’île sableuse en avale du pont est prospectée. C’est là que deux découvertes vont se succéder sur la rive gauche du Cher, juste à l’estuaire de la petite rivière « La Magieure » qui vient rejoindre le Cher. Deux séries de pieux alignés sur plusieurs rangées sont découvertes. Ces dispositifs sont d’autant plus intéressants car jusqu’ici leur équivalent n’avait pas encore été trouvé par la Comission Archéo depuis ces 4 années de prospection.
On notera quand même que les plongeurs ont longé une grande zone constituée d’anciennes sablières où les pelles mécaniques avaient curé le fond.
Les conditions de plongée Temps ensoleillé, température extérieure environ 30°C, température de l’eau 20 à 21°C. La profondeur a varié de quelques centimètres à 2 mètres 50 assez rapidement par endroit et cela plusieurs fois. La majeur partie de la zone prospectée était peu profonde ce qui induisait un petit courant permanent et une bonne visibilité, il a fallu tantôt marcher dans le lit de la rivière, tantôt nager. Les zones plus profondes ont été prospectées en équipement complet avec bouteilles. Sauf dans la zone de découverte des alignements de pieux où là l’eau stagnait et rendait difficile la recherche des pieux par tâtonnement.
Arrivé à ce stade de la saison, il est fortement envisagé d’arrêter là les prospections pour cette année, s’ouvre maintenant la partie des recherches aux Archives Départementales et autres sources documentaires pour étayer ces découvertes encore une fois intéressantes de cette année. Il ne reste plus qu’à prévoir et organiser une séance de prélèvements sur ces deux alignements de pieux pour en connaître leur âge pour clore l’activité terrain avant l’hiver.
(Synthèse du 07 septembre 2010)
10 septembre 2010
Fin de saison oblige, il faut vite profiter des dernières journées ensoleillées pour retourner à VAUX afin de procéder à des prélèvements sur les bois découverts quelques jours plus tôt. Deux sites sont visés à cet effet, il s’agit des deux alignements distincts retrouvés au niveau du confluent de la Magieure et du Cher. Les prélèvements se déroulant sans difficulté particulière et le beau temps aidant, il est décidé de pousser plus loin la remontée de la Magieure sur environ 200m c’est à dire jusqu’au pied du pont canal. Bien nous en a pris cela a permis d’élucider la présence du pieu de palplanche trouvé précédemment et décrit ci-dessus. Il provient de la structure du pont canal. Si cela n’a pas un gros intérêt pour l’archéologie car la construction récente du pont canal date de 1811, cela a un intérêt tout simplement historique pour comprendre les techniques de construction de l’époque : du bel ouvrage ! La terme de palplanche prend tout son sens car aujourd’hui pour de telles structures, les palplanches sont devenues des tôles d’acier mais pas sûr qu’elles durent 200 ans !
Il nous paraissait utile d’ouvrir une petite parenthèse historique sur cette technique de construction en fin de résumé.
Conditions de plongée : Temps ensoleillé mais température de l’eau déjà descendue de plusieurs degrés en quelques jours.
Les palplanches du PONT CANAL de VAUX
On ne pouvait passer à côté d’un système de construction en palplanches sans montrer quelques aspects de cette technique. Si les palplanches sont toujours là 200 ans après, on peut s’interroger sur la durée de vie des palplanches modernes en tôle. Le regret aujourd’hui est que le système de 1811 est en train de montrer ses limites et commence à partir en morceaux si l’Administration décide de restaurer cette protection en bois, cela risque de se faire avec des tôles. Le pont-canal enjambe la rivière « La Magieure » affluent du Cher.