Cher 2018 Vallée du Cher

Poursuite des prospections dans le Cher
De Reugny à Vallon-en-Sully

CHANTIER DRAC /SRA AUVERGNE-RHÔNE-ALPES

OPÉRATION ARCHÉOLOGIQUE N° 03-8434 DU 19 mars 2018

Prospection toujours sur la largeur du Cher avec adaptabilité du matériel en équipement léger ou complet avec bouteilles et matériels lourds.

 

Vallon-2
Il faut être en mesure de sonder les trous en plongée et de garder le matériel à porter de main pour d’autres circonstances.

 

Les rives réservent parfois quelques surprises

 

Des surprises sous l’eau aussi avec un fer à boeuf d’époque moderne que l’on peut mettre en relation possible avec les Forges Saint-Hippolyte de Vaux pas très loin.

 

Même les lieux de pique-nique des plongeurs sur l’itinéraire deviennent des lieux de prospections. Ainsi, un pavage ou alignement de blocs pouvant provenir d’un aménagement de rive du Cher et qui se trouve aujourd’hui en plein chemin et terrains agricoles.
Il faut dire que pour les repas, nous mangeons à la carte ! Mais à la carte IGN bien sûr !! Et donc les sites de pauses repas sont aussi savamment sélectionnés pas question de s’arrêter n’importe où .

 

Des pieux dans l’environnement du pont métallique de Nassigny, ils sont à mentionner et à examiner avant leur disparition complète. Un travail d’archives et de collaboration avec M. Rolland FERRAGU historien local, permettent de positionner un ouvrage temporaire ancien  remontant  au dernier quart du XIXème siècle.

Certains blocs examinés présentent des inclusions de gros galets, ils se rapprochent de blocs déjà trouvés par ailleurs par notre équipe, ce pourrait être des ébauches de meules hydrauliques de la période gallo-romaine.

D’autres blocs encore sont découverts, ils sont taillés ou pré-taillés, hors contexte des galets de rivière, leur présence n’est pas justifiée ici à part peut-être une perte de cargaison ou de chargement  provenant d’un transport fluvial ancien. En grès fin, ils doivent provenir de carrières locales et pouvaient être destinés à des chantiers de construction vers l’aval.

 

A hauteur de Prugnes-Bertrand à Nassigny, observations de drains en terre cuite, le Cher ravine ce dispositif apparemment moderne.

  

Les observations s’enchainent dans un milieu « presque » sauvage ou très peu visité. La présence d’éponges d’eau douce (Spongilla lacustris) intéresse aussi les plongeurs toujours en contact avec le Conservatoire des Espaces Naturels à qui on fait « remonter » les informations ainsi collectées.

Pas la jungle, mais on aurait pu y croire avec cet arbre gigantesque implanté en rive gauche mais dont les branches et le feuillage recouvre tout le Cher sur sa largeur jusqu’à toucher la rive opposée.
Inconnu au premier regard dans notre région, cet arbre se révèle être un Noyer du Caucase (Pterocarya fraxinifolia ) classé comme plante exotique envahissante émergente. Bien que majestueux et magnifique à regarder, il ne serait pas le bienvenue en Europe et ferait l’objet d’une campagne de surveillance pour suivre son développement en France. 
La Saute Cravatte à Vallon, en 2017 observation d’une possible épave chargée de blocs qui avait été remarquée au milieu du Cher. Intéressante pour aller dans le sens des quelques blocs « perdus » que nous avons trouvés en amont et qui pourraient valider des embarcations chargées de blocs taillés et qui seraient en difficultés par endroit. Hélas, rien de tel n’a pu être découvert au cours de cet été 2018. Plus rien n’était visible à cet emplacement, crue de printemps importante et/ou ensablement important, le lit du Cher est très capricieux.

Une pêcherie

Le Pré des Pins à Vallon-en-Sully, une pêcherie est découverte, ce qu’il en reste. Des pieux  sont observés, l’érosion par le Cher  les a  remis  à jour  après avoir passé  une longue période enfouis dans la grève de la berge. Juste à côté de ces pieux, un lest de filet de pêche (845 gr) vient appuyer l’identification du dispositif. Le prélèvement d’un pieu est réalisé en vue d’une datation. L’examen visuel de ce pieu laisse encore apparaître les traces de sa préparation à l’herminette, les coups d’appointement sont encore visibles.
Une analyse au Carbone 14 et surtout une analyse dentrochronologique nous indique une dernière séquence vers 1484. On serait donc en présence d’un bois de la toute fin XVème, début XVIème siècle.

Un morceau de  meule hydrolique

Lieu-dit La Laisse, toujours à Vallon, un fragment très dégradé de meule hydraulique en grès permien du Bourbonnais.

Le  Moulin des Auberts

Le très discret Moulin des Auberts ne se devine que par l’étude de vieilles cartes et documents car sur le terrain, il ne reste plus beaucoup de choses sur cet aménagement. Un enrochement de protection en rive aval, et un alignement de son canal ou  possible bief en donne une position supposée.

Un embarcadère carrier

Un embarcadère de blocs taillés en grés,  la pierre de Vallon est exploitée du  Moyen-Age au XXème siècle, la voie fluviale a dû être bien utilisée surtout pour des transports vers l’aval, beaucoup plus faciles que par les routes et les vallons.

Une petite épave métallique

Une petite épave métallique dans la zone des Ris, 7,6 m de long pour 1,7m de large. Elle est en tôle avec armatures métalliques. Il s’agit vraisemblablement d’une embarcation destinée aux travaux sur la rivière (pont, enrochement). Au fond, une couche de béton dans laquelle on voit les empreintes d’armatures métalliques, devait assurer sa stabilité.

Un barrage de moulin

Vers les Ris, 36 pieux sont découverts plantés dans le lit du Cher. Ils prennent encore la moitié de la largeur du lit. Il s’agit d’un barrage constitué d’un assemblage de galets et de blocs de tailles diverses. Cet enrochement couvre les pieux qui ont eux-même une organisation spécifique avec des principes de plessis pour maintenir fermement l’assemblage et le blocage du barrage en plein courant. Cet aménagement correspond à un barrage de moulin. Des prélèvements de bois sont réalisés pour une datation au Carbone 14.
La datation va indiquer une période d’abattage comprise entre  les Vème  et  VIIème siècles .  Cette  période  mérovingienne a restitué, à ce jour, moins d’une dizaine d’exemples d’ouvrages hydrauliques de ce genre en France.
Lire le résumé scientifique de ce chantier