Poursuite des prospections dans le Cher dans le département de l’Allier
De Vallon-en-Sully à Lételon
CHANTIER DRAC /SRA AUVERGNE-RHÔNE-ALPES OPERATION ARCHEOLOGIQUE
N° 03-8605 DU 26 MARS 2019
Historique : Cette année les recherches et prospections se sont poursuivies dans le Cher comme depuis bientôt 15 ans mais avec cette fois des échéances, non pas de finalité mais de consécration et de satisfaction. 15 ans déjà que nous plongeons dans le Cher dans sa traversée du département de l’Allier et cette année 2019 nous a vus arriver en terme géographique à sa limite avec le département voisin du Cher. Ce n’est pas une fin en soi, il faudra revenir sûrement sur certains secteurs ou tronçons déjà étudiés tout simplement parce que le Cher est une rivière vivante, qui bouge, se déplace, dépose et érode ses berges et son lit. Le Cher aura encore des choses à montrer à ses plongeurs. Donc il est probable que nous revenions sur de nouvelles découvertes et mises à jour. Cette année, comme si le Cher voulait remercier et récompenser ses fidèles inventeurs aquatiques, il nous a « offert » une pirogue carolingienne. Petite cerise sur le gâteau avec un tel événement car nous désespérions de voir un jour une embarcation dans cette partie du Cher. Il n’y a pas eu que la pirogue, commençons par le début : On ne s’est pas ennuyé !
Une pirogue monoxyle découverte sur la commune d’Urçay dans le secteur des Petits Arnais.
Elle se révèlera de la période carolingienne : calibrée 770 / 980 ap. JC (C14)
Après avoir eu un instant, l’œil brillant du chercheur d’or qui trouve une grosse pépite, les plongeurs vont devoir s’afférer sur cette pirogue. Il était temps de la trouver et de s’en occuper.
Archéologiques mais pas que ! Nos plongeurs ont aussi un œil sur la biologie et l’environnement.
Puisqu’on est dans l’eau avec des observations sur le milieu animal et le milieu végétal qu’ils soient subaquatiques terrestres ou aériens autant que cela serve aussi.
Cette année nous avons rendu une copie comprenant 4 fiches de sites et 94 espèces signalées et observées avec un certain nombre de photos, ces signalements sont partis rejoindre la base BioObs à laquelle nous participons bien-sûr et de là, nos observations au cœur du Bourbonnais vont aussi partir dans la base d’études du Muséum National d’Histoire Naturelle et de l’Inventaire National du Patrimoine Naturel : nous apportons une petite pierre à l’édifice en plus des observations archéologiques initiatrices de la démarche.
Déjà rencontrées l’an dernier sur le secteur de Nassigny, des couples de cigognes blanches Ciconia ciconia sont maintenant présents et nichent en Bourbonnais. | Plus rares parce que plus sauvages, des hirondelles de rivages Riparia riparia nichent elles aussi dans des secteurs difficilement accessibles sauf aux plongeurs ! |
Il s’agit d’un Tadorne à tête grise Tadorna cana
Nous nous sommes aperçu à un moment qu’il marchait sur la berge, qu’il avait une bague. Il s’agit sûrement d’un spécimen échappé d’un parc animalier du coin et qui a trouvé un nouvel habitat sur les rives du Cher. Pas très farouche, il n’avait pas peur des plongeurs et passait nous observer à quelques mètres de distance, habitué qu’il devait être de voir du monde dans un parc, à moins qu’il nous ait pris pour des cousins aux pieds palmés !
Des corbicules asiatiques Corbicula fluminea, originaires d’Asie elles se répandent de plus en plus dans nos eaux intérieures. Si elles sont bonnes pour quelques hérons ou autres prédateurs, elles ne le sont pas pour nos espèces indigènes de mollusques. | L’éponge d’eau douce en branches et encroutante: Spongilla lacustris on la rencontre assez souvent lors de nos plongées dans le Cher dans des zones qui sont toujours en eau. éléments filtreurs on peut espérer qu’elles assainissent un peu l’eau de notre rivière, mais si elles sont là c’est qu’elles ont de quoi se développer et ce n’est pas forcément bon signe ! |
Au fait : La pirogue vous l’avez sortie ?
Avant que l’on nous pose la question : Non ! On l’a positionnée par GPS, on l’a cotée dans tous les sens, photographiée, filmée et même « photogrammétrée » pour de la 3D in situ, par rapport à sa partie visible. On lui a prélevé un petit morceau de quelques grammes pour le labo qui, en C14 nous l’a positionnée à la période carolingienne, comme un certain nombre d’autres embarcations dans la région, elle peut intégrer ce corpus, elle ne dénote pas et s’adapte bien à ce qui a déjà été découvert.
On ne peut pas la sortir comme cela, déjà il faut une autorisation spécifique de la DRAC mais il y a aussi et surtout toute un infrastructure de travail et de préparation à mettre en place en amont et en aval car une fois sortie de l’eau, il faudra vite la sécuriser pour ne pas qu’elle se dégrade au contact de l’air. C’est une grosse préparation à bien planifier.
Donc cette année, la pirogue a été laissée en place, protégée, et même lestée car sa gangue et son environnement s’érodant rapidement, il fallait prévoir pour cet hiver une crue ou même de grosses eaux qui pourraient l’abîmer voire la faire disparaître.