22 et 23 août 2013 : Reprise des prospections sur la zone d'Allichamps. Un changement est visible avec le débit du Cher. De 8 m3/s, nous voilà avec 2 m3/s
c'est à dire pratiquement le débit et donc la hauteur la plus basse que
l'on puisse trouver. Cette différence va servir et desservir les
plongeurs. Il sera apprécié la clarté de l'eau et les découvertes
intéressantes à la fois dans peu d'eau et à la fois en eau profonde et
claire. D'un autre côté, les marches d'approche et mises à l'eau avec
le poids du matériel passeront par des zones de vase profonde
encombrées de plantes aquatiques très denses autant dire un accès assez
éprouvant physiquement. Toutefois ces deux après-midi de prospection
vont se révéler très intéressantes en matière de découvertes. Plusieurs
sites vont être découverts, des meules, des aménagements différents en
bois (pieux et poutres sablières), des zones comportant des morceaux de
sarcophages, des endiguements. Cette prospection subaquatique dans la
zone du Prieuré d'Allichamps, déjà très riche en découvertes
archéologiques terrestres depuis plus de deux siècles, va venir
compléter de façon très intéressante la partie aujourd'hui baignée par
le Cher. Le Prieuré aujourd'hui pratiquement au
bord du Cher, pouvait initalement se trouver au centre d'un petit
bourg, le Cher ayant un lit tracé différemment.
Le lit du Cher pour diverses raisons notamment techniques n'a
jamais été visité, le rôle de l'équipe de plongeurs archéologues trouve
ici toute son efficacité et son intérêt.
Les
conditions: Temps
ensoleillé presque caniculaire avec près de 30° à l'extérieur et 22°
dans l'eau, des zones d'eau calme, des zones étroites où le courant
devait se frayer un chemin et donc avoir un bon coup de palme
était nécessaire aux plongeurs qui ont pu gérer cela sans difficulté.
Les zones prospectées allaient de quelques centimètres d'eau à plus 2m
malgré cette période d'étiage estival. Le débit était de 2 m3/s.

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Avec 2 m3/s des zones assez grandes deviennent de véritables bourbiers enchevêtrés de plantes aquatiques.
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Avant
de se mettre à l'eau les plongeurs examinent quand même des parties de
la rive où les zones sont difficilement accessibles pour des non plongeurs.
Ils resteront sur leur faim car la tâche n'est pas facile
avec juste une observation de surface en prospection.
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Proche
des nécropoles du Prieuré, à quelques dizaines de mètres dans le Cher,
des pierres travaillées sont visibles.
Vraisemblablement en rapport avec
des pierres tombales mais leur dégagement ne pourrait se faire qu'avec
des moyens mécaniques imposants.
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Lorsque l'on dit que c'est dur pour les plongeurs, ça l'est aussi pour le matériel.
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Une autre approche et une autre mise à l'eau seront décidées pour le deuxième jour.
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Dés
le départ, des endiguements en rive gauche vont attirer les plongeurs.
Ils n'ont pas été mis ici pour rien. Ces ouvrages vont révéler des
installations anciennes en rive opposée.
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Pour commencer, des blocs travaillés ne ressemblant à rien de récent vont intéresser l'équipe.
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Au nombre de deux, il est difficile de les remettre dans un contexte de bâti.
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Divers aménagements sont visibles et devront être interprétés.
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Un
morceau de meule est découvert dans le Cher, en rive droite, en face d'un des
endiguements. Il pourrait s'agir d'un morceau de meule à main .
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Dans
la partie la plus amont qui a été prospectée, il est découvert
une demi meule d'un moulin hydraulique. Meule assez épaisse et
dissymétrique. Son diamètre avoisine 80cm.
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En
rive droite, dans ce qui deviendra un site intéressant en raison des
découvertes d'aménagements en bois, il est découvert une autre demi
meule. Sa position dans la typologie
des meules à main nous apprendra sa période d'utilisation.
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Cette zone en rive droite va se révéler intéressante.
Plusieurs ouvrages en bois vont être trouvés assez groupés.
Ici on peut deviner un pieu couché dans le lit du Cher près d'un autre morceau de meule encore. Indiquant une activité de meunerie à cet endroit.
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Leur
diamètre, leur position et sens d'effondrement indiquent que plusieurs
ouvrages hydrauliques différents sont mitoyens, contemporains ou non,
difficile de le dire sur l'instant.
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Plantés dans le substrat à la verticale et ne dépassant que
de quelques centimètres du fond, ou dépassant de façon plus importante
en position couchée, il est découvert 36 ''bois" (pieux et poutres). Il est
évident que nous sommes en présence de plusieurs structures.
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Non seulement on note la présence de pieux, de poutres sablières mais aussi peut-être des poutres massives de charpente, toujours dans le même périmètre.
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Deux morceaux de sarcophages présentant chacun des loges céphaliques. Il n'est pas exclus qu'il puisse s'agir de réemploi .
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Le balisage et marquage des pièces de bois commencent à se dessiner sur le lit.
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Plus
d'une trentaine de pièces de bois sont ainsi découvertes sur une zone
déterminée, avec des morceaux de sarcophages et des meules.
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Toujours
au milieu de la zone, une possible meule hydraulique partiellement enfouie, elle
est en position verticale et un pieu ou axe en bois est fiché
dans l'œillard.
Le bois est-il ici de façon
fortuite ou s'agit-il d'un système ou mécanisme en place ? C'est
difficile à dire, notre opération de simple prospection ne nous permet
pas de creuser et de l'extraire pour étudier le dispositif pour le
moment.
Un retour sur place l'an prochain est à envisager avec une autorisation adaptée.
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Enfouie debout, s'il est confirmé qu'il s'agit bien d'une meule, elle est très usée. Elle semble être en grès.
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Très intéressant, à peine sortie de la berge et visible, l'extrémité d'une poutre sablière apparaît.
Elle présente au moins une mortaise perforante au travers de laquelle un pieu apparaît.
Cette poutre est en place, nous sommes donc bien sur une structure hydraulique en place.
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Une tête de pieu érodé maintien toujours la poutre, l'assemblage est toujours présent.
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Plus
en aval, la mise en place de bouées permet aux plongeurs de
cerner une zone dans laquelle il est relevé des indices d'habitat.
Plusieurs morceaux de sarcophages sont vus, un pieu bien planter dans
le substrat, des blocs taillés et même un bloc maçonné, une tuile à
rebord sont également présents.
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Un pieu bien planté dans le fond du Cher.
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Un morceau de sarcophage auquel une balise a été fixée pour une matérialisation en surface.
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Un autre morceau de sarcophage parmi d'autres qui matérialisent une zone de nécropole aujourd'hui sous les eaux du Cher.
(profondeur -1m60).
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Un morceau de tuile à rebord.
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Un morceau de couvercle de sarcophage est prélevé. il présente des traces de sculptures. (croix ?)
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Un
peu plus en aval de cette dernière zone, deux pieux assez imposants
sont fichés dans la berge. La première hypothèse soulevée pourrait être
en rapport avec un possible ponton pour un franchissement type
bac. Cette supposition peut ce confirmer avec le micro toponyme de la
parcelle juste derrière :
Le champ du marin !
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Une
attention particulière est portée sur ce dispositif. depuis la rive
d'en face, on distingue un aménagement de la berge. Sur un affleurement
d'une roche calcaire assez dure, on voit que les pieux se trouvent à
l'abri derrière un petit îlot. La roche a été taillée volontairement
pour aménager un abri, un embarcadaire ou plus spécifiquement un port.
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Toujours
depuis la rive gauche, on distingue qu'il existe une sorte d'accès
aménagé autour de l'îlot central autorisant ou protégeant un accès à
droite ou à gauche.
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Depuis la rive droite, les pieux dans leur zone abritée.
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Vue en rive droite, la végétation encombre un peu le site mais l'aménagement est reconnaissable.
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S'il
fallait appuyer les hypothèses émises, la recherche aux AD18 permettent
de relever sur un plan ancien de la DEE daté du 1808, des
appellations de "Port" au niveau de la zone des deux pieux en rive
droite. Le Seigneur de
Bigny lui-même, Seigneur de St Amand également, propriétaire du
Moulin des Bordes, devait bien posséder un bateau (bac) lui
permettant de traverser le Cher pour se déplacer sur ses terres et
propriétés. Une datation C14 est envisagée pour dater ce dispositif.
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En
rive gauche, un peu en amont de la digue du Moulin des Bordes, nous
avions signalé à la DRAC Centre en 2011, la présence d'une poutre
sablière basse prise dans la berge. Cette année, elle est incluse dans
notre zone de prospection, cette pièce méritait un examen.
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En
2011, lors de sa découverte, cette poutre était déjà prise dans
la berge mais présentait une partie aérienne visible longue de 9m.
Aujourd'hui un effondrement de la berge l'a partiellement recouverte.
Sa partie visible mesure 6m70.
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Difficile, sans sondage, de dire si elle est en place ou non.
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Elle
a fait l'objet d'un relevé pour un dessin même s'il n'est que partiel
sur la longueur. Il s'agit quand même d'une pièce remarquable dans ses
mensurations.
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Plusieurs
mortaises de belles tailles sont visibles, toutefois l'érosion du bois
ne permet pas de déterminer s'il existe des angles d'assemblage
pour les pieux.
Un prélèvement a été réalisé en vue de faire faire une datation au Carbone 14.
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Les mortaises sont simples ou doubles. Mesurant près de 40cm, elles laissent supposer un ouvrage de grande taille et solide.
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L'effondrement de la berge depuis 2011 nous prive des cotes réelles et complètes de cette poutre.
D'un autre côté, l'amas de terre maintien la pièce de bois sur son emplacement actuel.
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Une
petite visite de la zone amont du site amène la découverte d'autres
poutres sablières basses. Elles sont hors zone désignée par notre
mission 2013, toutefois, situées à quelques dizaines de mètres de notre
site, elles vont faire l'objet d'un signalement à la DRAC Centre qui
sera mentionné dans le rapport.
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Couchée
sur le côté, cette première poutre est spectaculaire avec ses 10m50 de
long. Posée sur un banc de gravier, partiellement recouverte de
végétaux aquatiques elle n'apparaît qu'en période de basses eaux comme
en ce moment.
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Elle est placée dans
l'alignement du courant, à une vingtaine de
mètres en aval une seconde poutre est visible, elle est prise dans le
banc de gravier.
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La seconde poutre est plus massive que la précédente, plus large, elle est prise dans le gravier.
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Mortaises de 30cm confirment la robustesse de l'ouvrage initial.
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Il reste encore beaucoup de choses à faire sur ce tronçon du Cher à
Allichamps. Il existe plusieurs sites dans cette courbe ou méandre de
la rivière. Il faudra très probablement y revenir avec d'autres
missions spécifiques de fouilles ou sondages qui permettraient la mise
en évidence des assemblages de bois positionnant des moulins. La
prochaine intervention sur ce terrain devrait se faire dans les
semaines à venir avant le retour de fortes eaux, au moins pour
positionner les dernières découvertes par un topographe.
25 août 2013
08 septembre 2013 :
Sortie
bien spécifique aujourd'hui, il s'agissait de
positionner le site et les découvertes sur celui-ci avec un
topographe afin de pouvoir faire figurer ces emplacements sur les plans
actuels. Cette signalisation permettra de donner l'ampleur du village
d'Allichamps et les structures, essentiellement hydrauliques dans le cadre de nos recherches subaquatiques. Contemporaines ou
successives, ces installations seront confirmées dans une période grâce
aux analyses au Carbone 14 et en comparaison avec la typologie des
meules déjà connues et répertoriées.
Les
conditions:
Temps alternant éclaircies et
couvertures nuageuses qui réduisaient un peu la visibilité dans l'eau
avec les turbidités présentes. La température extérieure avait bien
baissé après les fortes chaleurs des plongées précédentes mais l'eau
était encore à 20°C rendant les conditions de plongéesencore assez faciles. Le débit du Cher était toujours constant à 2 M 3/s.

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Retrouver
les repères et marques laissés lors des plongées précédentes n'a posé
aucune difficulté grâce au relevé manuel effectué.
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Le
topographe est en place à un endroit précis permettent d'avoir
une vue directe sur l'ensemble du chantier à relever tant amont
qu'aval.
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Il
s'agit de placer une perche sur chacun des pieux à relever. Certains à
peine affleurant du substrat font l'objet d'une seule mesure, d'autres
pieux, plus longs et effondrés doivent être mesurés ou relevés
avec une cote haute et une basse.
Le relevé manuel réalisé lors des plongées précédentes est très utile pour organiser la levée des cotes topographiques.
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Premières
mesures dans la partie amont et peu profonde du site. Les autres
mesures se feront en eau profonde, en aval, vers les bouées blanches
visibles en arrière plan.
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Les
endiguements empierrés présents en face du site, en rive opposée, sont
également relevés pour apporter de la précision dans la
description et la configuration du site.
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Un petit clin d'oeil à la Biologie Subaquatique avec quelques photos prises sur notre chantier.

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Même
en eau douce il existe des éponges, associées à une algue, elle peut
prendre cette couleur verte en fonction de la profondeur (ici 1m60).
(Spongilla lacustris).
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La même éponge d'eau douce mais au lieu d'être sous une forme branchue, elle est en plaque ou croûte.
(Spongilla lacustris)
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Nous avons eu un contrôle !
Un petit goujon (Gobio gobio )
réputé rare dans nos rivières selon les pêcheurs, il est venu lire nos
mesures et voir ce que nous faisions dans son habitat !!
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Goujons (Gobio gobio) et gardons (Rutilus rutilus) cohabitent et sont curieux auprès des plongeurs.
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Lire le résumé scientifique de ce chantier