Cher 2014 Bruère-Allichamps Vallenay

Autorisation de chantier DRAC/SRA CENTRE n°14/0207 du 25/04/2014

Historique :     En 2012 un chantier de prospection est réalisé par nos plongeurs sur les communes de Vallenay et de Bruère-Allichamps. Cette opération (Cher 2012 Vallenay) amène la découverte de ruines de plusieurs moulins hydrauliques aujourd’hui sur la commune Vallenay mais historiquement sur la Paroisse d’Allichamps. Placés en vis à vis du Moulin des Bordes, ces découvertes viennent compléter l’historique de ce moulin déjà connu au XIIIème siècle.

En 2013, une nouvelle autorisation est accordée à notre équipe pour élargir le champs des recherches dans cette zone et principalement le secteur amont de la Digue des Bordes. Le point de départ et les mises à l’eau de l’équipe se feront à hauteur du Prieuré d’Allichamps. Cette année 2013 verra la découverte d’indices d’activités humaines particulièrement riches et intéressantes. En effet, si la zone du vicus d’Allichamps est bien connue par les archéologues « terrestres » depuis près de 150 ans,  sur des périodes très longues de l’Histoire, la  partie  immergée  dans le  Cher  est totalement  inconnue  pour des  raisons  techniques  de  faisabilité  jusqu’ici.  Les  prospections  subaquatiques  des  plongeurs  trouvent là  toute leur importance.
Il sera notamment question de l’étude d’une poutre sablière située pratiquement en face du Moulin des Bordes datée au C14 entre le VIIème et le IXème siècle, de meules à main et hydrauliques, d’assemblages de bois (pieux, poutres, poutres sablières…) d’aménagements de rives (endiguements…), d’un port XVIIème-XVIIIème, d’une zone de nécropole (Antiquité tardive/ période mérovingienne) dans la laquelle sont découverts des morceaux de  sarcophages. La liste des découvertes est longues et si dans sa globalité ces activités anthropiques sont en corrélation avec les périodes déjà connues par les fouilles archéologiques terrestres, les plongeurs découvrent la présence, toujours dans l’eau, de deux poutres qui vont intéresser particulièrement les historiens. En effet l’un d’elles est datée (C14)  du  Néolithique moyen/final ( 3628-3366 avant JC) et l’autre (C14) de l’Âge du Bronze ancien (2190-1926 avant JC). Ces deux pièces taillées à l’herminette de silex sont remarquablement conservées, si l’on considère que de telles pièces équivalentes ne sont connues que dans les villages lacustres du Jura ou des Alpes en général . Ce chantier 2013 amène également le signalement aux instances archéologiques régionales, hors zone désignée, d’autres poutres sablières un peu plus en amont. L’année 2014 devrait donc être prometteuse de nouvelles découvertes ou de compléments d’informations. (Cher 2013 Bruère-Allichamps).

11 mai 2014 : 
Commencée plus tard dans la saison (août) la prospection 2013 avait obligé les plongeurs à exclure momentanément toute une zone herbeuse située en rive droite au plus près du Prieuré et qu’il n’était pas possible  d’inspecter à cause de la végétation aquatique dense à cette période. Avec les eaux chaudes et un fort ensoleillement les algues et végétaux de toutes sortes faisaient une couverture épaisse impossible à prospecter correctement, que ce soit en situation de plongée ou à pied. La première action ou mission de l’année consistait donc à privilégier cette zone avant que la végétation ne se développe de trop.

Les conditions
: Temps très couvert avec un vent assez fort, gros passages nuageux apportant pluie et même grêle. Un orage a fait sortir les plongeurs quelques minutes de l’eau par crainte de la foudre. La température extérieure a fluctué de façon assez significative selon les périodes de pluie ou d’ensoleillement, heureusement la température de l’eau est restée stable entre 14 et 15°. La visibilité était très limitée en raison des turbidités engendrées par l’alternance des averses et du vent. Durant l’opération d’aujourd’hui, le débit du Cher était stable à 11 M 3/s (lecture « vigicrues » à St Amand).

En rive droite, dans la grande courbe vers la gauche qu’emprunte le Cher, l’absence de courant, la température de l’eau et l’ensoleillement important du mois d’août, ont fait qu’il y a eu un développement naturel important de la végétation aquatique qui a pratiquement interdit toute prospection ou observation de la zone en question par les plongeurs.
(Photo août 2013)
Large d’un bonne vingtaine de mètres en plein été, cette bande végétalisée laisse les plongeurs sur un constat d’impuissance en l’état.
(Photo août 2013)
Toutefois, les quelques observations faites en 2013 encourageaient les plongeurs à revenir sur cette zone qui se révèlera être une zone de nécropole par des découvertes de morceaux de sarcophages dans le lit du Cher.
Cette grosse pierre en partie envasée va être retrouvée cette année cette fois sous l’eau . Elle est brisée et  son extrémité basse est très envasée, elle affiche des cotes intéressantes :
1m43 x 0,68m x 0,19m .
(Photo août 2013)
Retour en 2014 sur la zone herbeuse qui est la priorité de cette première plongée à Allichamps.
Consignes du chef d’opération et  alignement des plongeurs.
Quadrillage de la zone, deux plongeurs sont équipés avec des bouteilles pour les parties profondes et deux autres équipés en PMT* pour les parties peu profondes. La progression se fait face au courant pour bénéficier de ses effets sur la vase soulevée et améliorer une visibilité toute relative (environ 50cm).* Palme-Masque-Tuba.
Des choses intéressantes sont découvertes, notamment une poutre à section carrée d’environ 3m de long. Elle est  cotée pour pouvoir être dessinée par la suite. Difficile de dire sur l’instant si elle est en place ou non. Une datation sera à envisager. Elle est également géolocalisée. 
Merci et bienvenue au petit nouveau qui a rejoint l’équipe!  
Près de la grosse pierre ou  dalle envasée (ci-dessus), il est découvert deux morceaux de pierre qui seront aussitôt identifiés comme des morceaux d’une meule hydraulique et  par chance, ces deux pièces s’assemblent et s’imbriquent l’une à l’autre indiquant qu’il s’agit d’éclats  d’une même meule.
On peut même y observer des stries indiquant l’usure et le sens de rotation de la meule.

La zone inconnue de l’an dernier ne l’est plus ! Elle a révélé, par ces quelques découvertes, que les soupçons portés lors du chantier précédent étaient fondés et qu’il fallait venir la prospecter dans ces circonstances de hauteur d’eau et d’absence de végétation. Selon encore ces paramètres de hauteur d’eau et de végétation, il faudra sûrement encore une visite sur la zone (environnement de la poutre).

15 juin 2014 : Un mois est passé depuis notre plongée précédente et déjà beaucoup de changements au niveau des conditions de travail. La mission pour cette plongée consistait à revenir sur la zone qui a été baptisée « Nécropole » en raison du nombre de morceaux de sarcophages qui y ont été trouvés et des dalles pouvant également avoir un rapport avec les coutumes funéraires. La dernière fois, l’orage et le temps couvert avaient pas mal dérangé les plongeurs au niveau de la visibilité. Aujourd’hui, l’herbe et les plantes aquatiques ont repris leur foisonnement et couvrent pratiquement 80% de la zone. La prospection a quand même pu se faire durant la première heure et la zone herbeuse peut être considérée comme vérifiée. Les conditions se sont ensuite rapidement détériorées et le secteur que nous voulions prospecter s’est vite retrouvé sans visibilité laissant les plongeurs sur leur faim.

Les conditions : Un beau temps augurait une plongée agréable, elle l’a été par le côté température. La température extérieure et celle de l’eau sont hélas à l’origine de la prolifération des plantes aquatique. Le débit du Cher était de 5 M3/s ce qui était très bien car la hauteur d’eau permettait une prospection en équipement léger et le peu de courant évacuait les suspensions de vase soulevée par les déplacements. Néanmoins au bout d’une heure, un vent assez  fort s’est levé apportant de gros nuages qui ont bien diminué la luminosité et en surface un gros clapot s’est formé. Ce clapot a pour effet d’éroder légèrement les berges et les turbidités apparaissent rapidement notamment lorsque l’on travaille sur des zones peu profondes.

Dans la zone herbeuse, plusieurs  blocs d’architecture ont été remarqués. Il n’est possible de les rattacher à une structure quelconque, ils sont épars. On ne constate aucune organisation.
Equipement léger pour prospecter la zone envahie par les plantes aquatiques, l’eau était claire mais les nuages puis le vent ont vite rendu la tache difficile.
De grosses dalles de calcaire très lourdes sont  également présentes sans que l’on puisse dire catégoriquement, pour le moment, s’il faut les rattacher à la zone de nécropole ou aux pierres d’architecture.
Dans la partie plus en amont, c’est avec grandes difficultés  qu’on a  pu retrouver la  demie  meule  médiévale de  l’an dernière.  C’est à tâtons  et avec les souvenirs  visuels qu’elle a pu  être retrouvée dans 40 cm d’une eau opaque.
(photo de 2013)

Les opérations devront donc se poursuivre sur la partie amont de la zone traitée l’an dernier, là encore il y aura du pain sur la planche avec les poutres sablières basses aperçues et qu’il faudra étudier et cartographier.

22 juin 2014 : Poursuite de la prospection par zone sur Allichamps toujours, il est question encore de vérifier la zone herbeuse qui pose tant de problèmes de visibilité, mais aussi la zone amont au-dessus de la limite du chantier de 2013. Cette partie n’avait fait l’objet que d’une simple observation l’an dernier, étant hors limites accordées. Elle avait révélé des vestiges intéressants qui méritaient que l’on s’y attarde et intéresse cette année. L’équipe étant suffisamment étoffée aujourd’hui, elle est scindée  en deux groupes.  Un groupe procède à la prospection de la zone amont et l’autre groupe va procéder une opération de sondage sur une poutre sablière basse trouvée l’an dernier en rive gauche. La situation de cette sablière basse imposait une étude urgente compte-tenu de son environnement érodé (voir  Cher 2014 Vallenay sondage 1)

Les conditions : Temps ensoleillé avec passages nuageux, température de 24°C dans l’eau ce qui n’a pas du tout gêné les plongeurs! Le débit du Cher était un peu faible, environ 2 M3/s ce qui n’est pas forcément intéressant, les suspensions et la turbidité de l’eau empêchaient d’avoir une visibilité intéressante.

 

Au départ, en limite de zone, un petit coup d’œil et quelques photos d’une poutre de l’Age du Bronze découverte l’an dernier. Bien envasée, elle résiste au temps.
L’intérêt de revenir régulièrement sur un site est que parfois, les conditions de luminosité font que l’on peut observer des aménagements que l’on ne pouvait pas voir l’an dernier. La végétation aquatique est bien implantée sur le bois.
Une découverte de choix, une belle tuile à rebords pratiquement intacte et entière. Très fine par rapport à d’autres pièces ou morceaux remarqués, elle devrait pouvoir se placer dans une chronologie intéressante pour la zone.
Les découvertes de pièces dans cet état sont assez rares surtout en milieu fluvial.
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Autre élément trouvé par les plongeurs aussi : cette céramique montée en boudin.
Trouvée non loin de la tuile à rebords et des sablières basses, cette céramique viendra compléter  le puzzle pour une datation du site.
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Les recherches vont encore se poursuivre, la zone de travail cette année ayant de quoi bien occuper les plongeurs archéologues, elle promet encore des découvertes insoupçonnées.

Malgré une hauteur d’eau  un peu plus élevée,  il est nécessaire de procéder à quelques  prélèvements de bois pour dater les poutres et autres pièces de structures anciennes. L’eau trouble au premier abord, permet quand même de retrouver les éléments de bois à prélever.
Un échantillon d’une poutre qui va être conditionné et préparer pour partir au laboratoire pour une datation au Carbone 14.
Les prélèvements s’enchaînent, ici il s’agit d’une tête de pieu qui se trouve dans un dispositif hydraulique intéressant sur lequel nous devrions passer un certain temps à étudier. Cette datation devrait positionner tout cela dans le temps.
Là encore, le sondage doit être repoussé, la pluviométrie sur les affluents amonts du Cher ont fait monter le niveau sur le site. Une opération de sondage dans de telles conditions n’est pas envisageable.
Préparation du matériel et de la signalisation de surface.
La hauteur d’eau est plus forte qu’à l’habitude mais le courant n’est pas trop gênant. Les observations intéressantes du premier passage en PMT seront confirmées en plongée bouteille.
La couleur “café au lait” n’a pas été un réel handicap. Les équipes se sont réparties la largeur du Cher pour le quadriller. La rive droite et le milieu de la rivière vont sûrement revoir les plongeurs. La profondeur est de l’ordre de 3m à cet endroit.

Les plongées de prospection se sont donc poursuivies au cours de l’été, et les plongeurs ont dû « jongler » entre un débit trop important et parfois une visibilité rendue nulle en raison des turbidités et de l’opacité créée par les pluies.
Les recherches se sont quand même révélées intéressantes voire fructueuses entretenant le moral du groupe !

Une meule hydraulique isolée pour le moment, découverte l’an dernier et cotée cette année.
Elle va être dessinée et sera rentrée dans la base nationale du PCR Meule.
Le problème des brusques montées des eaux (chargées) cette année, provoque une apparition de vase qui tout doucement vient recouvrir certaines zones où se trouvent des artéfacts intéressants, telle cette poutre sablière basse qui disparait.
Dans la même zone, une nouvelle poutre observée cette année, elle peut prendre le même chemin que sa voisine.
Il est parfois plus intéressant de travailler dans 2m d’eau car le fait d’examiner une poutre dans peu d’eau fait tout disparaitre dans un nuage et rend l’observation impossible.
Les surprises dans cette zone d’Allichamps n’en finissent pas. Un nouveau dispositif constitué de plus de 200 pieux est découvert. Les pieux bordent une rive, traversent la rivière et se retrouvent en bordure de la rive opposée formant une sorte de grand Z.
Le même dispositif  se  retrouve  en rive opposée. 
A ce stade difficile d’en donner une explication quant à son utilité.
Au fond les pieux sont étiquetés un à un et seront topographiés.
Ils sont presque tous inclinés de la même façon, d’un même diamètre et érodés de la même façon.
Dans ce dispositif  “bois”, le long de chaque rive, il est découvert deux demies  meules à main .
Au milieu de  la rivière, près des pieux : un fer de gaffe comme les gaffes utilisées par les bateliers.

Comme c’est devenu une habitude en fin de chantier, un petit clin d’œil à la biologie fluviale qui a été rencontrée lors des plongées de l’équipe. Ici-après ce sont seulement deux espèces mais la faune et la flore de la zone prospectée sont particulièrement riches et variées.

 

Des corbicules asiatiques, on dirait presque des palourdes !
(Corbicula fluminea )
Une carpe commune de plus de 10kg.
(Cyprinus carpio linnaeus 1758).