Cher 2012 Vaux Montluçon

Chantier DRAC / SRA N° 7178 – Arrêté 2012/127

Historique : Au cours de l’année 2011,  des prospections sont entreprises dans le lit du Cher, sur la commune de VAUX. Certaines aboutissent à la découverte de dispositifs de pêche très anciens (cf Chantier Cher 2011 Montluçon). En contre partie, des tronçons du lit du Cher ne peuvent pas être examinés correctement, ils sont couverts d’algues notamment des lentilles d’eau qui rendent impossible un examen correct des lieux. Cette année, il est décidé de reprendre en compte ces tronçons de rivière et de les réexaminer dans de bonnes conditions de visibilité.

17 Juin 2012 : Une prospection est reprise en deux vagues distinctes. Suivant le Chemin de La Cassine, une première vague de prospection est menée dans la zone de La Grave, et la seconde sur la zone des Laisses.

Les conditions : Temps couvert à ensoleillé, T° extérieure 23-24°C et la T° de l’eau était entre 16 et 17°C. Durant l’opération de prospection le débit du Cher a oscillé entre 15 et 16 M3 /s. Malgré qu’il n’y ait plus de lentille d’eau, la visibilité restait très moyenne.

Aspect de la zone en 2011, elle est entièrement recouverte de lentilles d’eau. Il s’agit d’une partie du lit du Cher qui pourrait présenter un intérêt en raison d’un enrochement comportant des pierres taillées.  (digue ou autre ouvrage hydraulique?)
Plusieurs bois avaient été remarqués mais sans pouvoir être plus précis.

La même zone aujourd’hui, il n’y a plus de lentilles d’eau en raison du courant qui lui est assez présent.
Prospection minutieuse de cet alignement de blocs en vue de trouver des pieux qui permettraient de dater  le dispositif qui pourrait être antérieur à 1750.
Débriefing et échange d’avis, pas de pieu ou d’aménagement en bois.
Il fallait vérifier : c’est fait !

30 Juin 2012 : Le matin, une prospection est reprise à Montluçon pour commencer à hauteur du Quai de la Libération afin de compléter les recherches de l’an dernier qui avaient dû être suspendues en raison des contraintes de plongée (trop de courant et trop de végétaux aquatiques qui masquaient le fond). Cette année, la situation météo a ralenti la prolifération des herbes et a rendu possible la prospection de ce tronçon dans de meilleures conditions.

Les conditions
: Temps couvert et même quelques gouttes de pluie au départ n’ont pas rebuté les plongeurs, ensuite le temp s’est très bien éclairci, T° extérieure 23-24°C et la T° de l’eau était d’environ 18°C.  La visibilité restait moyenne

La zone en aval débutait à hauteur de la  Rue de Bouvine où des profondeurs de 3m ont été relevées le long de la rive gauche aménagée.
La zone amont se trouve au bout de la Rue des Aubéries.
Quelques plaques de béton et grosses pierres ont permis de repositionner une ancienne petite passerelle du XIXème qui fut provisoirement mise en place sur le Cher pour faire passer des wagonnets destinés à apporter des matériaux pour la construction de la gare de Montluçon.
Bienvenue au “P’tit nouveau” qui vient renforcer l’équipe de plongeurs en eaux troubles
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Changement de décor et de lieu l’après-midi, direction le Quai FOREY dans le centre de Montluçon. La zone de prospection se situe juste en aval des « pelles » au niveau du Pont St Jacques jusqu’au petit barrage 150m plus bas. La luminosité du soleil à permis une prospection plus sereine et efficace.

Répartition des binômes sur la largeur de la rivière.
Face à un établissement de restauration, les plongeurs retrouvent le lit de la rivière sans trop de perturbations humaines et de modifications.
Une découverte très intéressante et presque inespérée au départ, a ravi les plongeurs.
Il s’agit d’une zone bien délimitée de blocs alignés. Ce dispositif vient en relation directe avec la voie pavée découverte en 2006 et 2007 entre le Pont St Jacques et le Pont St Pierre.
Cet alignement des blocs de fondation indique la position de ce passage antique dans la continuité des relevés précédents.
La zone à étudier se situe juste derrière le Centre ATHANOR vers l’aval.
A la mise à l’eau, la présence d’un courant puissant fait tout d’abord craindre pour l’opération mais rapidement la difficulté se trouve surmontée et l’observation peut se faire comme prévu.
Un pieu est découvert, il s’agit vraisemblablement d’un pieu de palplanche. Il est mis provisoirement hors de l’eau pour être coté avant de rejoindre ensuite le milieu humide . Le pieu qui mesure 2m70 est équipé d’un sabot ferré (lardoir) un peu particulier que nous n’avions pas encore rencontré.
32 cm de long, très épais, le sabot est en forme de V.
L’épaisseur de ce pieu d’une douzaine de centimètres n’en fait pas un pieu de soutènement mais plus vraisemblablement une palplanche que l’on appelle aussi une lardoire.
Les vestiges d’une passerelle sont localisés. Il s’agit d’une passerelle du “petit chemin de fer à ficelle” qui alimentait en charbon, depuis Commentry, les Usines St Jacques à Montluçon mais aussi l’approvisionnement au départ du canal et donc de la gare d’eau toute proche,
(Image aérienne IGN 26-07-1946).
Après la sortie de l’eau de l’équipe, le niveau  d’eau est descendu d’une trentaine de centimètres et le débit est tombé à 7 M
3/s, on voit nettement les 3 cylindres métalliques correspondant au pilier de la passerelle du petit train à ficelle.
(Image aérienne IGN 29-06-1962)

Les vestiges de la passerelle des Biachets construite en 1885 pour permettre aux ouvriers  de Désertines de traverser le Cher pour aller travailler aux usines de la rive gauche.
Trop légère, elle fut emportée par la crue du 04 mai 1940.
La passerelle des Biachets début XXème.

La prospection s’est arrêtée peu après la passerelle des Biachets, juste avant la passerelle de St Gobain. La profondeur devenant plus importante, la prospection reprendra vers l’aval avec des bouteilles de plongée et une équipe plus étoffée.

15 Juillet 2012 : Poursuite de la prospection dans le Cher dans la zone se situant en aval de la passerelle des Biachets. Initialement il était prévu de faire une prospection en bouteille sur 150m environ vers l’aval, puis à hauteur de la passerelle de la Glacerie ou passerelle St Gobain, le manque de profondeur devait impliquer une prospection à pied dans le lit du Cher.  Les 150 m prévus vont se révéler très intéressants et ils ont mobilisé le groupe de plongeurs pour la journée. Les objets découverts vont même imposer plusieurs journées de travail sur les sites. On peut parler d’au moins 2 sites distants d’environ 80m l’un de l’autre comportant tous deux des morceaux de meules.  L’un peut être mis en relation avec des pieux et le second comporte quant à lui des blocs taillés présentant des trous de louves ou des emplacements d’agrafes.

Les conditions: Temps couvert avec parfois des éclaircies, durant toute la journée le débit est resté à 1M3/s.  T° extérieure 23-24°C et la T° de l’eau était d’environ 19°C.  La visibilité restait  correcte  au-delà d’un mètre de profondeur surtout lorsque le soleil apparaissait par moment. Par rapport à d’autres plongées, les conditions étaient tout à fait acceptable, pas de courant ou juste assez pour évacuer les suspensions. L’évolution s’est faite entre 1m50 et 3m00 de profondeur, on a vu beaucoup de petits poissons dans les herbiers et un silure d’environ 80cm posé tranquillement au fond !

Quelques minutes après la mise à l’eau les premières trouvailles apparaissent, tout d’abord deux morceaux de meules hydrauliques vers le milieu du lit du Cher et vers la rive droite deux pieux érodés enfoncés dans le sol.
Le premier site découvert présente des morceaux de meules vers le milieu du lit et un dispositif bois en rive droite.
Vue depuis la Passerelle St Gobain vers  l’amont : le premier site est en haut vers le centre puis dans les arbres sur la gauche mais le second site se trouve matérialisé, un peu au-dessus de la digue de pierre.
Après la pose déjeuner, organisation d’une vague de ratissage coordonnée. Sous les ordres d’Olivier, les plongeurs s’équipent de balises de marquage, s’alignent avec une main courante pour progresser sur une même ligne et s’arrêter au moindre indice.
Immersions simultanées en alignement.
La technique d’alignement va payer et les découvertes d’artéfacts vont se multiplier sur une zone assez rapidement délimitée.
Au fur et à mesure, les plongeurs installent des bouées de balisage sur chaque objet ou groupe d’objets pour mieux les localiser et les retrouver.
Le ratissage se poursuit mais le balisage mis en place permet de penser à un emplacement de moulin en raison de la présence de pierres de taille et plusieurs meules hydrauliques entières pour certaines et cassées et usées pour d’autres.

Jalonnement des pièces découvertes et marquage individuel vont permettre de découvrir de nouvelles meules, les conditions d’éclairage étant à chaque fois différentes, la routine ne peut s’installer et les découvertes sont toujours là.
Il faut un oeil exercé pour voir l’oeillard d’une meule avec son dépôt de vase et les suspensions qui restent en place.
Chaque meule ou morceau de meule sont étiquetés individuellement pour pouvoir figurer, être positionnés et reportés sur le plan du site.
Une autre équipe étudie un alignement de pieux, juste en amont de la retenue d’eau. Ils se révèleront être métalliques et vraisemblablement en relation avec la construction de cet ouvrage moderne.
Balisage et jalonnement des pieux métalliques pour avoir une vue d’ensemble du système et ainsi mieux l’interpréter depuis la surface.
Au passage une palplanche est photographiée mais il s’agit d’un atterrissement.

Les recherches menées le 22 juillet ont permis de mieux appréhender l’ensemble de la zone et de déterminer les priorités pour les prochaines plongées.

29 Juillet 2012: Retour sur place mais cette fois avec une équipe réduite à 3 plongeurs. Moins de palmage et de turbulences et donc des observations plus fines et précises vont permettre la mise en évidence de particularités très intéressantes sur  le site principal du moulin. Ainsi un petit sondage au niveau de l’assemblage bois attenant au moulin, permet de découvrir un entrelac de bois (clayonnage) constitué de petites branches spécifiquement placées pour canaliser le flot de l’eau. Ce système peut se rapporter à une pêcherie ou à un canal d’amené ou autre dispositif permettant de guider et de gérer une installation hydraulique. Cette découverte est d’autant plus intéressante que ce type de petites branches ne se conserve pas trop sauf, et c’est le cas ici, si elles sont recouvertes par du sédiment ou du gravier qui les protège dans le temps. Toujours les bois autour de la zone principale du moulin, une poutre travaillée importante est découverte en limite de berge gauche et se dirigeant vers le clayonnage justement. Cette poutre mesure 5m de long, pour une largeur de 35cm environ mais surtout elle présente 4 mortaises perforantes significatives d’un dispositif d’assemblage en bois. Sur l’alignement de bois précédemment mentionné en amont en rive droite, deux nouveaux pieux enterrés sont rajoutés à la liste et un troisième morceau de meule vient compléter les deux précédents sur le site amont de la zone:  Belle moisson !

Les conditions: Elles sont idéales, temps très ensoleillé et T° de l’eau avoisinant 24° dans les zones peu profondes. Une relative bonne visibilité a permis des observations déterminantes.

Parfois une équipe importante est très intéressante pour la prospection et le quadrillage de zones importantes et dans d’autres cas une équipe restreinte est préférable pour du travail précis.
Mise en place du matériel de surface et des équipements individuels de plongée.
Sur l’un des blocs taillés sur le site du moulin, un  trou de louve caractéristique qui permettait la manipulation de bloc de cette taille.
L’oeil ou oeillard ou trou de l’axe d’une meule.  Sur le  site  se  sont  pas moins de 3 meules complètes qui ont été découvertes et 19 morceaux de différentes tailles et notamment beaucoup de demies meules.
L’oeil aiguisé non pas de la meule mais d’Olivier permet d’observer les vestiges d’un clayonnage attenant au moulin. (La flèche indique le Nord)
Clayonnage, nasse, il va falloir identifier le rôle de  cet aménagement avec au passage une probable datation en C14.
Sur le site, une poutre de 5m comportant 4 mortaises pourra peut-être elle aussi nous informer sur la datation du site.
Il était temps, l’un des pieux sur lesquels s’appuie le clayonnage, était descellé et menaçait de partir à la prochaine montée des eaux. Positionné, photographié in situ, il est récupéré par l’équipe.
Taillé en pointe, ce pieu ne devait pas entrer dans la structure de construction du bâtiment du moulin mais plutôt dans ses aménagements annexes.
On distingue nettement une meilleure conservation de la pointe sur les 60 cm de son enfouissement. A contrario, la partie exposée est fortement érodée. Mais restons confiants sur la capacité de ce pieu à renseigner les archéologues sur la datation de sa mise en place possible.

Première chose, remettre en surface les bouées immergées de la dernière sortie. Là encore la visibilité permet de rallonger la liste des meules portant ainsi le nombre à près d’une trentaine de pièces.
Contrôle des positions  des meules et des pièces de bois sur les croquis déjà réalisés.
Grosse et longue journée mais la  motivation est toujours là, n’est ce pas Joëlle !
Il y a tellement de choses à relever qu’il faudra pratiquement  2 heures pour remettre en place le balisage sur le site.
Au fur et à mesure, les bouées réapparaissent et le site reprend sa position visible en surface.
Une zone juste en amont du site principal, zone qui comporte plusieurs pieux immergés qui faut prendre en compte.
Explications et échanges d’idées sur la configuration des lieux.
Eric sous son chapeau de brousse cale ses appareils pour réaliser ses relevés.
Après plus d’une cinquantaine de points relevés patiemment, la récompense viendra pour notre topographe qui ira voir “in situ” les meules et blocs relevés dans une eau rafraichissante.
Merci Eric

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Mais en attendant, il faut positionner chaque objet avec la  canne et son prisme.
Certains objets sont à la limite avec une profondeur à 2m20 pour une canne de 2m50.
Deux plongeurs ne sont pas de trop pour les zones profondes, un plongeur maintient la canne au fond sur la meule et le second tente d’aligner le prisme vers le théodolite du topographe.
Et quand cela suffit pas, il reste les gestes pour communiquer.