Cher 2010 Montluçon

Chantier DRAC/SRA n° 6582 Arrêté 2010/170.
” Prospection thématique annuelle portant sur des recherches de vestiges archéologiques dans le lit du Cher “

Historique : Entre 2006, période de création de notre commission départementale et 2009, plusieurs chantiers ont vu le jour dans le Cher dans sa traversée de Montluçon. Jusqu’à maintenant, les prospections avaient conduit les plongeurs sur un tronçon de la rivière compris entre le Pont St Jacques pour la partie aval et le Pont du Châtelet pour la partie amont. Les investigations précédemment menées avaient  permis d’échaffauder que la voie empierrée, objet principal d’intérêt, s’écartait de l’actuel lit du Cher pour reprendre un cheminement « aérien » situé sous l’actuel Avenue Jules Guesde et partir en direction de l’Ouest (Guéret-Limoges), corroborant les fouilles aériennes entreprises il y a quelques années. Elle quittait ainsi la rivière sensiblement en aval du Pont du Châtelet côté rive gauche. C’est dans cette zone que les recherches de l’an dernier s’étaient arrêtées. Après une escapade très riche en découvertes sur St Victor dans l’été 2009, les plongeurs en eau trouble avaient décidé de revenir sur Montluçon pour finir la prospection dans la zone amont du Pont du Châtelet. 

Etape n°1 : La zone à étudier ne présente pas de mise à l’eau facile, la seule possible se situe, rive gauche, sous la passerelle métallique à mi-chemin entre le Pont du Châtelet et le Pont de Chemin de Fer . Ca tombe bien c’est précisément le centre de la zone à fouiller. Il est convenu de réaliser l’opération en deux tronçons distincts avec une pause entre les deux.

Les conditions de plongée: Samedi 03 juillet à 14h00, temps idéal, voire caniculaire, au moins 30° à l’extérieur sous un soleil de plomb qui rend la mise à l’eau très agréable. Température de l’eau 19° durant toute l’opération et le soleil aidant, une visibilité que l’on pourrait qualifier de remarquable en comparaison à d’autres plongées.  Les palanquées ont évolué  dans des pronfondeurs variant  de 0,50m  à 3m  en amont du Pont de Chemins de Fer. Le débit du Cher  était d’environ 5 m3/s ce qui était tout à fait gérable pour palmer et il évacuait assez rapidement les particules soulevées par les plongeurs.

Le pont du Châtelet, première zone de travail vue depuis la mise à l’eau.
Les plongeurs découvrirons quelques pierres intéressantes et un assemblage formé d’une poutre en bois avec tenons.
La passerelle des Nicaud sous laquelle les plongeurs apprécieront l’ombre. Elle matérialise la limite centrale de la zone de fouille.
Une pause comme prévu pour se réhydrater, faire le point, débriefer sur les découvertes et répartition des secteurs de la prochaine zone à fouiller.
Deuxième zone de la journée située entre la passerelle et le pont  de chemins de fer.  Plus pauvre  que la précédente, elle ne laissera apparaitre que des vestiges métalliques modernes en relation avec  un ancien pont  métallique  ou les restes  de la construction de celui-ci.

Dimanche 04 juillet 2010
Forts des conditions météo du samedi, il est décidé de remonter plus en amont encore lendemain dimanche. C’était sans compter sur l’orage dans la soirée du samedi.  Le dimanche au bord de l’eau les plongeurs découvrent une eau boueuse et très chargée. Il est décidé quand même de se mettre à l’eau. Le temps de s’équiper et manifestement il est constaté que le Cher a pris un certain courant. Après un essai, il est décidé de renoncer en raison de la visibilité quasiment nulle au fond et du courant qui aurait rendu cette prospection hasardeuse.  

Les conditions de plongée: Ciel couvert se dégageant dans l’après-midi température extérieure voisine de 24° et température de l’eau tombée à 17°. Le courant est passé en 30 minutes de  6m3/s  à 13m3/s.

Samedi 10 juillet 2010

Nouvelle prospection dans la zone en amont du Pont du Châtelet . La semaine précédante il avait été remarqué la présence de poutres ensablées et il était intéressant d’y revenir pour en connaître éventuellement l’origine.

Les conditions de plongée : Ciel dégagé ensoleillé, température de l’eau environ 19°C.

Sous l’eau, une poutre présentant un aménagement concave, cette préparation pourrait recevoir un pièce en mouvement.
Il est fort probable qu’elle soit en place sur le site, où il a été découvert une autre poutre  avec un creux taillé à la hache et un pieu.

Il est évident que ces bois vont mériter une étude particulière aux archives. L’archéologie sous-marine c’est aussi un travail de recherches dans la documentation.

SAMEDI 24 JUILLET 2010

Cette fois changement de zone le groupe revient sur ST VICTOR pour prospecter le tronçon en amont du Pont de ST VICTOR en  remontant vers la station de pompage d’eau potable et le barrage, zone  qui a fait l’objet d’un repèrage à pied  sur la rive quelques semaines auparavant.
D’entrée, les difficultés s’annoncent, courant fort, tourbillons, trous profonds et hauts fonds se succèdent, mais la zone doit faire l’objet d’un examen visuel. 

Les conditions de plongée : Temps ensoleillé, température extérieure entre 24° et 26° selon la couverture nuageuse, température de l’eau avoisinant le 19°, débit du Cher annoncé à 10-12 M3/s jusqu’à 12h00 sur MONTLUCON retombe ensuite à  5 M3/s pour rester ainsi durant tout le week-end. Cette baisse de débit sait fait sentir doucement sur ST VICTOR avec un léger décalage par rapport à MONTLUCON.

Malgré la baisse du courant, en aval du barrage, le courant est bien présent ainsi que les tourbillons , ils mettent à l’épreuve toute l’expérience et la condition physique des plongeurs.
Certaines zones obligent à décapeler pour progresser plus facilement.
La zone avale immédiate du barrage : profonde, sombre, enrochée et ravagée par l’intervention mécanique de l’Homme ou les crues puissantes dans cette zone au lit contraint où le courant ravine le fond en permanence. Rien d’intéressant sur le plan archéologique mais il fallait vérifier.
ll faut savoir s’intéresser à tout ! Une unionoïde communément appelée “moule d’eau douce” en plein repas !
Petit clin d’œil à la bio, si on ne trouve pas d’artéfact, l’observation amène à des spectacles quand même intéressants

DIMANCHE 25 JUILLET 2010

Nouvelle zone à prospecter, la digue de Sauljat qui alimente le Moulin d’Enchaume d’où parfois le nom de Digue d’Enchaume. Ce moulin est connu et cité depuis le Xème siècle (il fonctionne toujours) c’est dire si la zone est animée et vivante depuis longtemps, NICOLAY en parle dans son « Descriptif du Bourbonnais ».  La commune de SAULJAT  n’existe plus, elle fut divisée en trois  parties  après la Révolution (1792). Sa partie rive gauche du Cher devint un écart rattaché à VAUX et notamment l’actuel  hameau « des Trillers ». Sa partie rive droite fut coupée en deux par le biais du ruisseau de « Thizon ». La zone sud du Thizon sur la commune de ST VICTOR, la zone nord rattachée à ESTIVAREILLES. L’ancien bourg de SAULJAT n’existe plus, il ne reste plus que les soubassements  de l’église  à environ  200m à vol d’oiseau de  la digue  qui nous intéresse.
L’approche de la digue pour une mise à l’eau se fera par le bord du canal depuis « Les  Trillers ». Cette digue de dérivation est très ancienne elle permettait de canaliser l’eau vers le Moulin d’Enchaume, elle s’est rompue en 1983 suite à une crue importante et n’a pas été réparée.

Les conditions de plongée : Temps ensoleillé, 26° à l’extérieur, entre 20 et 21° dans l’eau dans des zones peu profondes. Peu de courant sauf dans la zone immédiate d’aspiration de la digue brisée.Débit du Cher environ 5 M3/s

L’aval de la digue de Sauljat depuis la rive gauche de VAUX.
Même digue mais cette fois avec la retenue d’eau amont
La zone amont se révèlera peu profonde sur plusieurs centaines de mètres, le fond est couvert d’une couche très épaisse de gravier. La profondeur dépasse un peu plus de 2m dans la partie proche de la digue. Assez riche biologiquement, avec des bancs d’Egeria densa avec beaucoup de faune piscicole, cette partie ne nous a pas révélé de chose intéressante.
Vue de la digue depuis l’amont, elle subit des attaques importantes à chaque crue.
Le long de la digue, quelques pieux sont encore présents. L’origine de ce dispositif de canalisation de l’eau étant très ancien, les pieux vont faire l’objet d’une datation.
Ces deux pieux se trouvent en partie aval de la digue sur VAUX.
Côté ST VICTOR, deux blocs attirent l’attention des plongeurs. il s’agit de deux blocs de calcaire travaillés. Ils ne sont manifestement pas en place et ont été rapportés pour renforcer la digue à une période moderne.
Ils reposent sur une assise béton vraisemblablement du XIXème.
On note la présence d’un trou de louve. Il est en excellent état et ne semble pas avoir subit l’érosion de l’eau depuis trop longtemps. Ce bloc massif fait environ 1m
Le second bloc est plus intéressant, il présente le même trou ce louve mais il a une forme significative qui fait penser à un pyramidion avec ces quatre côtés taillés de la même façon et en plus certains de ces  bords présentent des sortes de corniches.
Vue sous un autre angle, l’aménagement présente une symétrie quasiment parfaite en croix.
Certains côtés ont une sorte de corniche.
Cette sorte de corniche se retrouve sur plusieurs faces.
Enfin, juste en aval  de la digue, côté  ST VICTOR, un pieu  intéressant encore.

SAMEDI 31 JUILLET 2010

Retour au niveau de la digue avec une petite équipe restreinte. La mission a consisté à dessiner les deux blocs découverts la semaine précédente et à prélever deux morceaux de pieux de la digue en vue de leur datation au Carbone 14.  Une petite prospection d’Olivier dans la zone plus en avale de la digue dans la partie formant des petits îlets a permis la découverte de plusieurs autres pieux. Distincts de la digue, ces pieux vont mériter une autre visite pour tenter de savoir à quel dispositif ou aménagement ils appartiennent et quelles étaient leurs fonctions.

MARDI 17 AOUT 2010

Nouvelle prospection et exploration de la zone allant de la Digue de Sauljat jusqu’au niveau du Moulin d’Enchaume sur la commune de VAUX. C’est dans cette partie avale de la digue que se trouvent plusieurs îles fluviales plusieurs  fois remaniées par la rivière et peut-être par l’Homme notamment pour l’alimentation du Moulin d’Enchaume. Le cadastre ancien indique quelques ouvrages permettant de relier les îles entre elles ou de renforcer certains points faibles de berge pour ne pas que les crues viennent endommager l’ouvrage hydraulique.

Les conditions de plongée: Temps ensoleillé, température extérieure environ 30°C, température de l’eau 19°C le matin pour aller jusqu’à 21°C dans l’après-midi dans des zones peu profondes. La profondeur a varié de quelques centimètres à 3 mètres assez brutalement dans la zone  d’une île  fluviale  où des pieux  intéressant seront découverts.  La majeur partie de la zone prospectée était peu profonde ce qui  induisait un petit courant permanent  et  une bonne visibilité, il a fallu tantôt marcher dans le lit de la rivière, tantôt nager. Les zones plus profondes ont été prospectées en équipement complet avec bouteilles.

Au départ, petite visite aux blocs trouvés précédemment et prise de quelques photos avec un niveau d’eau bien inférieur que le jour de leur découverte.
L’équipe se déploie sur la largeur pour la prospection, tantôt en marchant tantôt en nageant selon la profondeur.
Découverte d’un bloc en grès travaillé présentant un trou circulaire de 18 cm de diamètre, se terminant par un trou plus petit d’environ 8cm de diamètre ressortant de l’autre côté.
Le bloc est côté et fera l’objet d’un relevé à l’aide d’un GPS. Il est au centre de la rivière
Au même niveau que le bloc précédent mais près de la rive gauche, un autre bloc en grès percé d’un trou de 8cm de diamètre.
Quelques dizaine de mètres en aval des deux blocs, à un endroit où un petit bras délimitant une île vient rejoindre le cours principal du Cher, un alignement de pieux ayant tous le même aspect.
Renfort de berge ancien? Aménagement spécifique? Il en sera compter plus d’une dizaine.
Confondu avec la végétation aquatique, un pieu avec un sabot ferré posé à même le lit de la rivière. Manifestement il n’est pas en place, il ressemble un peu à la série de pieux trouvés les années précédentes dans Montluçon, plusieurs kilomètres en amont.
Le sabot ferré est assez caractéristique, il est enchâssé sur le pieu préalablement taillé à 4 facettes.
Ce pieu a dû dériver avec les crues selon leur puissance.
Formé de 4 bras métalliques et d’un culot, les bras sont fixés par deux clous forgés encore présents.
Photographié et côté, le pieu est aussitôt ré-immergé mais dans un endroit proche permettant de le protéger d’une nouvelle dérive et de pouvoir le cas échéant le retrouver.
Un peu en aval des précédentes trouvailles, il est découvert 4 pieux attenant à la rive d’une île. Cette île présente plusieurs caractéristiques qui vont intéresser l’équipe. Elle domine le lit de la rivière de près de 10m (seul endroit ainsi constitué), avec un plateau sur le dessus assez plat, elle se situe à une centaine de mètres en amont du Gué de Sauljat connu pour être un franchissement de voies romaines et juste en face, sur la rive droite se trouvait un château aujourd’hui disparu mais mentionné au Xème.On notera aussi que c’est devant ces pieux que nous relèverons une profondeur d’au moins 3m !
Le Gué de Sauljat ! Vu dans le sens ST VICTOR -VAUX, on remarque distinctement la trouée dans la végétation.
Le Gué depuis l’autre rive de VAUX vers ST VICTOR, l’aménagement de berge est visible ainsi qu’un alignement de pierres de rive du gué.
Les pierres de rive du Gué.
En aval du Gué de Sauljat, découverte d’un autre pieu avec un sabot ferré. A première vue la fabrication est identique au premier pieu et ils sont vraisemblablement contemporains l’un et l’autre dans leur période d’utilisation mais ils sont à près de 800m l’un de l’autre. Celui-ci comme le précédent ne semble pas en place et paraît avoir dérivé de la même façon. Après relevé des côtes, il est ré-immergé et placé de façon à ne plus partir plus bas et à pouvoir être retrouvé.

Ce tronçon de rivière entre la Digue de Sauljat jusqu’à la hauteur du Moulin d’Enchaume s’est révélé intéressant en découvertes. La prochaine prospection aura lieu plus en aval vers le bourg de VAUX.

MARDI 24 AOUT 2010
Les découvertes de l’an dernier sur un Gué à ST VICTOR (Chantier n° 6) ont révélé la présence d’un moulin ruiné assez ancien. La Commission Archéologique avait pu retrouver une partie de ce qui pourrait être une roue de moulin hydraulique entourée d’autres aménagements ou artéfacts en bois  notamment  un  ensemble monoxyle difficile à identifier, pouvant être soit une embarcation type pirogue, soit un aménagement ou équipement du moulin (coursier). Le SRA d’Auvergne a souhaité que des prélèvements soient réalisés sur ces dispositifs afin de faire procéder à une analyse au Carbone 14 sur des échantillons et permettre ainsi une datation. L’échantillonnage a donc été réalisé sur ce site et dans la foulée, la même opération a été menée au niveau des quatre pieux découverts et décrits ci-dessus.

Retrouver les objets n’a présenté aucune difficulté, le problème venait en fait de la hauteur d’eau. Avec 40cm d’eau il est impossible de travailler en tenue de plongeur, le peu de courant aurait entraîné un plongeur à plat ventre. La solution a donc été de travailler en aérien partiellement immergé.
Le but est de prendre un échantillon d’environ 100 gr de bois, dans une zone non enfouie dans les gravier pour ne pas desceller la pièce, et en essayant d’endommager la pièce le moins possible, d’où le choix de la zone à prélever.
C’est parti à la scie à bûche.
Pas de temps à perdre, l’échantillon doit être correctement conditionné, le matériel est prêt sur la rive.
Quelques rapides photos de l’échantillon pour le cas échant le repositionner sur un croquis de la pièce globale (roue).
Après un bref rinçage pour enlever quelques larves aquatiques indésirables, l’échantillon est placé dans un sachet avec un peu d’eau pour lui garder son humidité et placé dans un autre sac opaque pour que la lumière n’accélère pas le développement de bactéries au contact de l’air.
Même opération sur la pièce monoxyle, un morceau d’une vingtaine de centimètres est prélevé.
Quelques photos de l’échantillon avec sa faune et sa flore !
Une vue de la tranche de la pièce qui fait prés de 5cm d’épaisseur.
Mêmes précautions de conditionnement pour fournir au laboratoire un échantillon exploitable.
Opération de prélèvement également à hauteur des pieux découverts en rive d’une île fluvial juste en amont de Gué de Sauljat.
Un pieu est sélectionné sur le quatre présents et un tronçon est prélevé.
Malgré que ces bois subissent constamment des immersions et des assèchements, le coeur est resté ferme et sain.
D’un diamètre aujourd’hui de 13 cm, ce pieu devait être plus conséquent à l’origine de l’ordre d’au moins 20cm. Il semble toutefois que cela ne ressemble pas à du chêne. L’analyse nous en dira plus.

DIMANCHE 05 SEPTEMBRE 2010
Poursuite de la prospection du lit du Cher entre le Moulin d’Enchaume et l’aval du Pont de VAUX. La zone ne semble pas présenter initialement des sites privilégiés mais comme chaque tronçon déjà étudié, il faut observer pour en être sûr. Cette vérification se révélera une nouvelle fois positive et l’équipe va découvrir des choses intéressantes.
Quelques centaines de mètres après le Moulin d’Enchaume, au milieu de la rivière dans une zone avec 2m de fond, il est découvert des gros blocs de béton armé renversés. Cette découverte si elle ne présente pas un intérêt archéologique certain, confirme les constatations faites sur le cadastre ancien. Les plongeurs valident ainsi la présence mentionnée sur le plan de la Passerelle du Moulin d’Enchaume qui franchissait le Cher au XIXème. Sur les rives, plus aucun indice n’est présent, seuls les vestiges immergés sont encore là.
Plus loin encore, il est découvert un pieu ferré posé sur un fond de gravier. Manifestement il n’est pas en place et a dérivé au fil du temps et des crues. Bien que son sabot ferré soit légèrement différent de la fabrication des deux pieux mentionnés précédemment lors des plongées d’il y a quelques semaines, ce pieu pourrait avoir la même origine que les précédents.
L’équipe finit par arriver à son point prévu le plus aval, c’est à dire le pont de Vaux. Perfectionniste pour ne rien laisser de côté, l’île sableuse en avale du pont est  prospectée.  C’est là que deux découvertes vont se succéder  sur la rive gauche du Cher, juste à l’estuaire de la petite rivière « La Magieure » qui vient rejoindre le Cher.  Deux séries de pieux alignés sur plusieurs rangées  sont  découvertes.  Ces dispositifs sont d’autant plus  intéressants  car jusqu’ici  leur équivalent  n’avait pas encore été trouvé  par  la Comission Archéo depuis ces 4 années de prospection.
On notera quand même que les plongeurs ont longé une grande zone constituée d’anciennes sablières où les pelles mécaniques avaient curé le fond.

Les conditions de plongée Temps ensoleillé, température extérieure environ 30°C, température de l’eau 20 à 21°C. La profondeur a varié de quelques centimètres à 2 mètres 50 assez rapidement par endroit et cela plusieurs fois. La majeur partie de la zone prospectée était peu profonde ce qui  induisait un petit courant permanent  et  une bonne visibilité, il a fallu tantôt marcher dans le lit de la rivière, tantôt nager. Les zones plus profondes ont été prospectées en équipement complet avec bouteilles. Sauf dans la zone de découverte des alignements de pieux où là l’eau stagnait et rendait difficile  la  recherche  des  pieux par tâtonnement.

Le premier alignement de pieux est découvert le long de la rive gauche du Cher dans un bras calme qui entoure une île. On remarque que les pieux sont renforcés et maintenus par un enrochement rapporté
Sur cette première série, on constate deux rangées de pieux alignés.
Un métrage est mis en place pour le relevé.
Les pieux sont manifestement anciens.
Mise en place du métrage pour le relevé, s’agissant d’un dispositif que nous n’avons pas encore rencontré, il s’agit d’être précis.
Travail d’équipe indispensable.
Le dispositif est peu commun et va mériter des comparaisons et des demandes d’avis sans parler d’une analyse au Carbone14 pour une datation.
En attendant, le positionnement de cet alignement est rigoureusement le long du Cher actuel mais aussi dans l’emprise de l’estuaire de La Magieure, il va falloir éclaircir cela pour déterminer à quel cours d’eau se rapporte cet aménagement. A ce stade, toutes les hypothèses sont encore possibles.
Second alignement, cette fois, légèrement en retrait du Cher mais dans le lit de la Magieure, à 20 mètres à vol d’oiseau du premier alignement.
Ce dispositif est constitué de 3 rangées de pieux sur une largeur d’environ 80 cm et l’on note qu’un enrochement vient renforcer les pieux entre eux.
L’eau est stagnante et le relevé se fait à tâtons mais heureusement les pieux sont bien alignés et il est assez aisé de les retrouver, du moins ceux encore présents.
Le système est solide quand même ! 3 rangées de pieux renforcés par des pierres. Beaucoup de questions viennent sur l’utilité de ce dispositif.
Cet alignement et le premier sont relativement proches mais pas tout à fait alignés de la même façon. L’orientation pour les deux est sensiblement Nord-Sud mais avec un angle légèrement différent. Sont-ils en relation ?
Un pieu de palplanche ferré découvert à quelques dizaines de mètres du second alignement. D’un côté il présente une gorge.
Vue de l’autre côté avec l’arrête permettant l’assemblage sur le principe des palplanches.
Entre 22 et 23 cm de large.
Le sabot conique est singulier, il mesure 12 cm de diamètre.
12 cm de hauteur.

Arrivé à ce stade de la saison, il est fortement envisagé d’arrêter là les prospections pour cette année, s’ouvre maintenant la partie des recherches aux Archives Départementales et autres sources documentaires pour étayer ces découvertes encore une fois intéressantes de cette année. Il ne reste plus qu’à prévoir et organiser une séance de prélèvements sur ces deux alignements de pieux pour en connaître leur âge pour clore l’activité terrain avant l’hiver.

(Synthèse du 07 septembre 2010)

10 septembre 2010

Fin de saison oblige, il faut vite profiter des dernières journées ensoleillées pour retourner à VAUX afin de procéder à des prélèvements sur les bois découverts quelques jours plus tôt. Deux sites sont visés à cet effet, il s’agit des deux alignements distincts retrouvés au niveau du confluent de la Magieure et du Cher. Les prélèvements se déroulant sans difficulté particulière et le beau temps aidant, il est décidé de pousser plus loin la remontée de la Magieure sur environ 200m c’est à dire jusqu’au pied du pont canal. Bien nous en a pris cela a permis d’élucider la présence du pieu de palplanche trouvé précédemment et décrit ci-dessus. Il provient de la structure du pont canal. Si cela n’a pas un gros intérêt pour l’archéologie car la construction récente du pont canal date de 1811, cela a un intérêt tout simplement historique pour comprendre les techniques de construction de l’époque : du bel ouvrage ! La terme de palplanche prend tout son sens car aujourd’hui pour de telles structures, les palplanches sont devenues des tôles d’acier mais pas sûr qu’elles durent 200 ans !
Il nous paraissait utile d’ouvrir une petite parenthèse historique sur cette technique de construction en fin de résumé.

Conditions de plongée : Temps ensoleillé  mais température de l’eau déjà descendue de plusieurs degrés en quelques jours.

Retrouver les pieux alignés et en choisir un pour le prélèvement.
L’un des pieux est coupé et le prélèvement conditionné
Second alignement, le soleil permet de retrouver facilement le site.
Ce sont deux rangées de pieux qui sont ainsi positionnées le long de l’actuelle berge.
Une fois le pieu sélectionné, il faut le retrouver sur le relevé réalisé quelques jours plus tôt en indiquant sur le croquis quel pieu a été ainsi prélevé.
Un beau pieu taillé à 4 facettes en pointe, il va lui être prélevé un morceau .
Le prélèvement réalisé dans la partie pointue.
Retour sur l’alignement de pieux de la Magieure.
Avant de se mettre à l’eau en bouteille, nouvel examen des pieux pour bien s’en imprégner. Le fond de la rivière est tellement trouble qu’il faut bien connaître ce que l’on cherche et être capable d’identifier un objet au toucher.
Les binômes sont constitués et briefés par le Chef de chantier.
Répartition des équipes depuis la limite amont et la pointe de l’île.
Les deux bras ceinturant l’île sont le point de départ.
Même la rive d’en face est prospectée quitte à déranger un vieux brochet ou un silure en poste.
De front les équipes descendent le courant
Parfois il faut refaire surface pour faire le point.
La profondeur est fluctuante et lorsqu’il y a un trou, il faut le sonder.
Les plongeurs de chaque binôme sont reliés par un boot de 2m et un flotteur de surface indique leur position.
La limite avale se situe sensiblement au niveau d’anciennes gravières, qui, en leur temps ont ravagé le fond de la rivière par dragage.
Le fond varie très vite on peut passer de 2m80 à 30cm obligeant les plongeurs à décapeler pour progresser.

Les palplanches du PONT CANAL de VAUX

On ne pouvait passer à côté d’un système de construction en palplanches sans montrer quelques aspects de cette technique. Si les palplanches  sont toujours là  200 ans après,  on  peut s’interroger sur la durée de vie des  palplanches modernes  en tôle. Le regret aujourd’hui est que le système de 1811 est en train de montrer ses limites et commence à partir en morceaux si l’Administration décide de restaurer cette protection en bois, cela risque de se faire avec des tôles.  Le pont-canal enjambe la rivière « La Magieure » affluent du Cher.

 

Tel un jeu de piste, en remontant le lit de la Magieure, il est découvert des pieux de palplanches ferrés du même type que celui découvert quelques jours plus tôt en aval.
Les crues doivent être les raisons principales de ce désordre.
Tous les pieux sont identiques en forme et en ferrure.
Le pont-canal, son assise et ses piles reposent sur un socle de blocs taillés. Ces blocs sont ceinturés sur le côté extérieur (ici aval) par une rangée de palplanches enfichées les unes dans les autres et enfin les palplanches sont elles-mêmes renforcées par une rangée de gros pieux comportant des tenons supportant à l’origine une poutre. (voir ci-après)
En vue amont, on comprend un peu mieux. On voit l’assise en blocs de pierre, la rangée de palplanches soutenues par des pieux coiffés par une poutre.
En vue rapprochée, où l’on voit les blocs à gauche, les palplanches et la ceinture de poutres.
Sur un endroit endommagé, on aperçoit les têtes de pieux et leur tenon qui maintiennent les poutres.
Les tenons des pieux sont mieux visibles ici.
Un sabot ferré de palplanche, il mesure 12 cm et une sorte de gros clou (tordu ici) le maintien à l’extrémité de la planche.